dimanche 24 novembre 2024
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Les plantes, ces bienfaitrices

Quelles sont nos alternatives face aux médicaments ? Nombreux sont ceux qui se tournent vers notre Mère Nature pour trouver des solutions aux petits tracas du quotidien.

400 000 c’est le nombre d’espèces de plantes qui nous entoureraient sur Terre, sachant que 2 000 nouvelles espèces sont découvertes chaque année. Comme la nature est bien faite, la flore n’est pas seulement source d’oxygène, par la photosynthèse, mais possède un nombre presque infini de vertus.

Quelles vertus ?

Seuls 10% des composants organiques du monde végétal sont connus. Se soigner avec les plantes médicinales, c’est un mode de vie. C’est apprendre à connaître ses alliées quotidiennes et ses propres limites dans la gestion de sa santé.

Voici quelques exemples des plantes les plus utilisées ainsi que de leurs bienfaits, sélectionnés par Christian Busser, docteur en pharmacie et spécialiste des plantes médicinales qui a créé l’école Plantasanté à Obernai.

-Le thym

Il existe plus de 300 variétés de thyms, dont les propriétés médicinales diffèrent ; cependant elles ont des points communs par exemple concernant l’hypersécrétion et l’appareil respiratoire (rhinopharyngite, gros rhume, bronchite…). Le thym est également connu comme un formidable antiseptique (virus, bactéries, champignons). Particulièrement renommée pour ses vertus immuno-stimulantes et protectrices de l’organisme, c’est une plante à forte action désinfectante de l’air, des poumons et des intestins. Le thym est également réputé pour redonner de l’énergie.

-Le giroflier

Traditionnellement, le clou de girofle permettait en Chine d’avoir meilleure haleine… avant de rencontrer l’empereur ! L’huile essentielle de giroflier, arbuste dont les boutons donnent les clous de girofle, est un très bon anesthésiant local, et un antiseptique efficace. Le giroflier soulage les douleurs musculaires et rhumatismes, apaise les infections urinaires, et atténue les divers maux d’estomac. Il est également reconnu pour lutter contre la fatigue et redonner de l’énergie… y compris sexuelle, puisqu’il est considéré comme un aphrodisiaque !

-La sarriette

Moins connue que le gingembre, la sarriette fut pourtant écartée de la pharmacologie au Moyen-Âge, où elle écopa du nom de « Plante du diable » en raison de ses propriétés aphrodisiaques… Avant cela, elle était connue pour ses actions apaisantes sur la digestion, en infusion, décoction ou eau florale. En huile essentielle, elle peut être utilisée très localement, sur des plaies, des verrues, ou des mycoses. La sarriette est également antalgique, antiseptique, antivirale, antibactérienne et antioxydante.

-La mauve, ou Achillée

La vertu principale de la mauve est sa douceur. Cette jolie fleur est un remède apaisant pour les gorges enflammées, ainsi que pour les peaux irritées, notamment chez les bébés, ou légèrement brûlées, ou encore victimes des moustiques. Elle était déjà la reine des plantes médicinales pour Hippocrate, et Charlemagne imposa sa culture car il appréciait énormément ses bienfaits.

-L’origan

Si les gourmands l’apprécient sur leur pizza, ils méconnaissent souvent les vertus thérapeutiques de l’origan, qui peut par exemple permettre de mieux digérer, en infusion ou décoction notamment. Il permet également de soulager les démangeaisons, les migraines, les règles douloureuses, et améliore l’état des voies respiratoires. Ses feuilles séchées possèdent un indice TAC (Total Antioxydant Capacity) très élevé, encore plus que la fraise ou l’orange. D’après la mythologie grecque, c’est Vénus qui aurait conçu l’origan pour soigner les plaies engendrées par les flèches de Cupidon ! Il était réputé apporter le bonheur, son étymologie signifie d’ailleurs « la joie des montagnes ».

Pour Christian Busser, privilégier ces plantes aux médicaments pour se soigner « conduit aux mêmes résultats, sauf que cela prend parfois plus de temps. Sur les douleurs, l’action peut être très rapide, comme pour les angines ou les coliques. Si on est face à une maladie chronique, c’est comme avec les autres méthodes, il faut du temps afin de modifier progressivement le terrain ».

Ces quelques exemples sont complétés par une multitude d’autres végétaux bienfaisants. Le couple Busser est ainsi l’auteur d’un ouvrage qui les répertorient, le « Dico Santé des plantes des Vosges », résultat de 10 ans d’enquête pour une classification de 200 variétés de plantes et de leurs vertus, entre médecine et traditions populaires d’autrefois.

Et en Alsace ?

Pour les adeptes d’une médecine alternative, la cueillette de plantes médicinales est tout à fait praticable dans notre région, qui dispose de plusieurs variétés aux bienfaits reconnus.

– Vient immédiatement à l’esprit l’ortie.
« Panacée d’autrefois, utilisée soit en infusion, soit en jus, soit intégrée aux potages, elle est un tonique anti-rhumatismes, un diurétique pour les reins, et un complément alimentaire riche en vitamines, oligoéléments et minéraux », décrit Christian Busser. Riche en fer, l’ortie combat l’anémie et la fatigue. Elle est également recommandée contre toutes les dermatoses (eczéma, psoriasis, acné, pellicules…). De plus cette plante active les sécrétions des différents organes digestifs. L’ortie est une plante annuelle, dont la récolte des feuilles s’effectue tout l’été.

– Autre atout de nos campagnes,
l’ail des ours, qui est la version sauvage de l’ail commun, dont il a les mêmes principes actifs, mais à des concentrations supérieures.

Le bulbe consommé cru permet de stocker au maximum sa vitamine C. Broyé dans du lait, il sert de vermifuge et d’antiseptique intestinal. Il est aussi utilisé contre les maladies de peau. L’essence d’ail des ours peut être utilisée comme désinfectant de l’air intérieur, mais aussi en friction contre les rhumatismes (dans ce cas, laissez macérer 30g d’ail écrasé dans 25 cl de vinaigre de vin durant une dizaine de jours). Les feuilles fraîches sont utiles contre certains troubles digestifs et crampes. En usage externe, les gousses d’ail des ours pliées font disparaître les cors et verrues. Actuellement, l’ail des ours fait l’objet de recherches sur ses capacités curatives contre le cancer. On l’appelle ainsi car l’ours est sensé s’en régaler à la sortie de l’hiver. Ainsi, c’est au printemps (d’avril à juin) que les feuilles apparaissent, et la période de récolte se termine avec les premières fleurs en été. Avant sa floraison, il est possible de confondre l’ail des ours avec d’autres plantes, comme le colchique d’automne, l’arum ou le muguet, qui eux sont très toxiques. Mais il suffit de froisser légèrement ses feuilles pour reconnaître son odeur caractéristique.

L’aspérule odorante est une plante très parfumée, appréciée pour son action tranquillisante, ses effets antistress et ses bienfaits sur le système digestif ou sur les insomnies. Elle stimule aussi le fonctionnement du foie, diminue les ballonnements, les éructations ou les digestions difficiles ; agit sur l’inappétence et possède une action diurétique. En usage externe, l’aspérule odorante est utilisée comme collyre, pour soigner les conjonctivites ou les blépharites. Elle est utile aussi sur les blessures, les abcès et les enflures.

– Utilisé en Europe depuis le VIIe siècle, le houblon fut d’abord apprécié en tant qu’arôme, avant qu’on lui reconnaisse des propriétés médicinales. Son usage en phytothérapie concerne, notamment, le traitement des troubles du sommeil et de l’anxiété (action sédative et calmante). Cette plante s’utilise aussi pour traiter les cas d’inappétence, de troubles digestifs ou liés à la ménopause (action contre les bouffées de chaleur).

– Sédatif, le coquelicot a des vertus apaisantes permettant de trouver le sommeil et de lutter contre les insomnies, notamment chez les enfants de plus de 7 ans. Antitussive, antiseptique et apaisante, cette plante favorise l’expectoration et présente des propriétés antispasmodiques. Elle participe donc au traitement des bronchites, de la coqueluche, de la toux, de l’enrouement et des maux de ventre.

– Le printemps est la saison de la récolte de la sève de bouleau blanc, un nectar naturel qui a de nombreuses vertus médicinales. Cette sève reminéralise et stimule le fonctionnement de l’organisme en douceur. Antiseptique urinaire, elle est aussi diurétique ; sert d’anti-infectieux, d’antispasmodique et de cicatrisant. Elle atténue les douleurs de l’arthrose, permet de soigner les petites affections cutanées et nous aide à recharger les batteries.

Vous pouvez aussi partir à la recherche de bourgeons de sapin, de bruyère ou de bouillon-blanc… Les possibilités d’en faire des remèdes maison ne manquent pas ! Alors, la nature n’est-elle pas bien faite ?   

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