Maxi Flash : Il est rare de trouver à votre poste un auteur de livres !
Laurent Pfaadt : Oui, ce n’est pas courant de faire le choix de ces deux carrières en même temps. En France, rares sont les auteurs qui vivent de leur plume, alors il faut bien trouver un boulot et dans le même temps cela me permet de mettre au service de mon employeur mon réseau, ma vision des choses avec un fort tropisme culturel, ce qui est également le cas de la ville de Wissembourg et des partenaires institutionnels comme la CEA. Finalement être directeur général des services, ici à Wissembourg, ce n’est pas un hasard.
Quel genre de DGS serez-vous ?
J’avais envie de revenir depuis longtemps et je sens qu’à Wissembourg il y a beaucoup de choses à développer. C’est très agréable. Je ne suis pas un DGS à l’ancienne qui va faire des ressources humaines et des finances. Je suis plutôt un stratège et un développeur. La ville a un projet, à moi de le mettre en forme. À Villeneuve-sur-Lot, j’étais connu comme une sorte de chasseur de primes sur l’agglomération auprès de tous les partenaires étatiques, régionaux et départementaux pour cofinancer au maximum les projets. Ici, j’ai vu les lignes de force qui existent et le potentiel. Il faudra qu’on s’appuie sur l’existant, mais est-ce qu’on le transcende ou est-ce qu’on le renverse ? Je veux qu’à la fin du mandat, on puisse dire: Wissembourg c’est ça. Comme Marciac c’est le jazz, comme Carhaix c’est Les vieilles charrues.
Mais vos projets ne sont pas uniquement culturels ?
Non bien sûr, il y a aussi un gros enjeu sur le quartier de la gare qui, dans dix ans, sera un nouveau quartier de la ville. Il y a un gros enjeu touristique, mais tout cela « rencontre » le marketing territorial, la culture ou le développement économique du centre-ville avec Petites villes de demain (le programme pour redynamiser 1 600 petites villes françaises). L’attractivité touristique est importante, surtout depuis le problème du mini train.
Justement, ce mini train qui a fait beaucoup parler, reviendra-t-il à Wissembourg ?
Oui. Le mini train a été cédé par l’ancienne municipalité à une association pour la modique somme de 6 500 euros. Il n’appartient plus à la mairie et effectivement, il a manqué à tout le monde. Pourtant la maire avait proposé de le racheter 13 000 €, ce qui était un effort conséquent, mais l’association n’a pas accepté de le revendre. L’important, c’est qu’il y aura bien un mini train l’année prochaine.
L’idée c’est de passer d’une équipe de campagne à une gouvernance de collectivités tout en gardant l’esprit d’équipe originel, et ça marche très bien.
Vous avez rencontré les 125 agents de la ville, quelle a été votre première impression ?
J’ai rencontré des gens qui aiment leur ville, qui sont prêts à se mobiliser. Et puis, il y a une qualité très alsacienne, l’envie de bien faire son travail, d’être investi. Nous avons aussi la chance d’avoir avec nous des agents qui sont maires ou adjoints dans des villages proches de Wissembourg ; cela signifie qu’ils ont vraiment le sens du service public. Cela m’a frappé. La ville est magnifique et forcément, on a tous envie de la tirer vers le haut. Quand la maire dit qu’il faut réveiller la belle endormie, ce n’est pas un vain mot.
Endormie, c’est un mot un peu fort, non ? Il ne sait pas « rien passé » pendant le mandat précédent !
L’avenir nous le dira. Aujourd’hui, on est trop souvent confronté à des responsables politiques qui reculent devant la moindre pression de l’opinion, alors, quand on travaille avec des gens qui assument leurs choix, c’est très agréable. Par exemple, Sandra Fischer Junck n’a pas hésité, trois jours avant la rentrée, à prendre une décision sur l’orchestre à l’école : l’idée est de les utiliser comme des plus-values de l’attractivité des écoles en souffrance. On les sort du centre-ville et on les installe là où les écoles sont menacées de fermeture. Si les parents veulent que leurs enfants continuent à faire de la musique, ils sont obligés de les inscrire dans des écoles en souffrance. Dire cela à des parents, trois jours avant la rentrée, c’est courageux.
Pourquoi la mairie de Wissembourg vous a choisi, vous ?
Peut-être pour mon expérience, et sans doute que ma vision des choses et mes idées correspondent à ce que l’on attend sur le financement ou le management. Avec la maire nous sommes en adéquation, on ne se connaissait pas, mais je me suis très vite attaché à elle. Elle est capable d’humilité quand il le faut et elle assume ses décisions. L’idée c’est de passer d’une équipe de campagne à une gouvernance de collectivités tout en gardant l’esprit d’équipe originel, et ça marche très bien.
Il y a beaucoup de choses à reconstruire après le Covid, notamment dans les relations transfrontalières et avec le pays de Wissembourg ?
Aujourd’hui, les planètes sont alignées entre l’intercommunalité et la mairie de Wissembourg, ce qui n’était plus le cas. Le président Serge Strappazon veut miser sur l’attractivité touristique, il y a bien sûr ce fabuleux Chemin des Cimes, mais il y a fatalement une synergie à trouver et nous la trouverons, car il y a un truc qui est en train de se passer.
Parmi les dossiers à traiter, il y a celui du bâtiment qui abritait le musée Westercamp, où en êtes-vous ?
Le bâtiment ne sera pas vendu. Un comité scientifique sera mis en place pour étudier la possibilité d’y implanter un autre projet culturel, quelque chose qui rayonnera bien au-delà de la ville.
Pour vous, que représentait Wissembourg avant d’en devenir le DGS ?
Je connais très bien Wissembourg, parce que je suis originaire de Bischwiller, j’allais souvent m’y promener au bord de la Lauter. Ça va paraître un peu démago, mais Wissembourg était déjà pour moi l’une des plus belles villes d’Alsace.
Avec ce nouveau travail dans lequel vous êtes très investi, que devient votre carrière d’auteur ?
Je continue. Cela veut dire que j’écris les week-ends et le soir. Quand ma femme regarde une série, moi j’écris. Je travaille déjà sur d’autres projets, mais il y a un développement important à venir autour de Nous étions des Malgré-nous