vendredi 22 novembre 2024
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Vincent Thiébaut – L’âge des possibles Horizons

Très actif pour le territoire depuis 2017 et son entrée en politique comme député de la 9e circonscription du Bas-Rhin, le Toulousain d’origine et Haguenovien d’adoption va vivre une année de changement, ou pas, s’il est réélu lors des législatives. Mais en a-t-il encore envie ? C’était l’occasion pour Maxi Flash de le rencontrer pour la deuxième fois, pour lui poser la question, pour revenir sur l’actualité et se souvenir de ces cinq années forcément marquantes.

Comment imaginez-vous les présidentielles ?

Je suis très déçu par le niveau du débat actuel. En France, on a un vrai souci sur la vision, la stratégie, les enjeux auxquels il va falloir faire face lors des prochaines décennies. Ils sont multiples. Les enjeux environnementaux et climatiques, l’enjeu géostratégique, car on voit bien que c’est extrêmement tendu. C’est pour moi encore plus inquiétant que la Covid.

En ce qui concerne votre avenir, envisagez-vous que tout s’arrête ?

C’est une possibilité. L’envie est toujours là. J’ai pris beaucoup de plaisir et j’ai encore des choses à faire, à porter. Après, ce n’est pas un choix anodin, car «j’emporte» du monde avec moi. Sur le plan personnel, il y a mes enfants qui ont douze ans, ils sont ados, c’est un moment important, il faut être présent. Mais quoiqu’il arrive, l’envie de m’impliquer dans la société restera, peut-être sous une autre forme.

Et si vous repartez, c’est avec Macron ?

Cela ne dépend pas que de moi, et aucun nom ne sera donné avant les élections présidentielles. Il faut attendre pour savoir quel candidat ou quelle candidate sera nommé sur la 9e circonscription.

Vous êtes aussi adhérent d’Horizons avec Édouard Philippe !

Effectivement, pour être totalement transparent, j’ai deux adhésions, l’une à En Marche, et, je n’en avais pas encore parlé, l’autre à Horizons.

Pourquoi ?

Parce que j’ai beaucoup apprécié le contact avec Édouard Philippe. J’aime sa vision. Au sein de La République en Marche, il y a différents mouvements, mais on met les choses en commun. Pour moi c’est une forme de cohérence. L’un des objectifs de mon engagement est de voir comment l’on peut mieux respecter la diversité française. Des gens ont dit qu’au sein d’En Marche, nous étions des godillots, je peux vous dire que ce n’est pas le cas. Il y a eu de fortes expressions d’oppositions. On s’est comporté comme un essaim d’abeilles, on butinait à droite et à gauche, et forcément l’opposition a pensé que des frondeurs allaient se faire entendre, mais non, nous avons toujours su nous retrouver pour atterrir ensemble. C’est la force d’En marche, d’avoir diverses sensibilités au sein du mouvement. C’est d’ailleurs beaucoup plus un mouvement qu’un parti, car un parti est quelque chose de figé, de dogmatique. Après, un mouvement a un début et une fin, si En Marche doit disparaître à un moment donné, cela ne me dérange pas.

Vincent Thiébaut ©Mariusz Marcin
Horizons est un autre mouvement ?

On verra. Pour l’instant c’est encore un peu tôt. J’ai adhéré, car je partage une certaine vision avec Édouard Philippe. Mais aujourd’hui mon candidat, c’est Emmanuel Macron et je suis attaché à REM. On verra comment les choses pourront évoluer. Je suis convaincu qu’il y a un vrai sujet sur l’organisation territoriale, sans forcément redécouper les régions, mais par exemple sur la déconcentration des services de l’État. Je pense qu’il faut parler de déconcentration, plus de décentralisation, car beaucoup de choses ont déjà été faites.

Le 15 décembre dernier, en Commission du Développement durable et de l’Aménagement du Territoire, vous avez été nommé Rapporteur de la loi ratifiant les ordonnances relatives aux compétences de la Collectivité européenne d’Alsace. Racontez-nous !

Je continue ainsi mon implication pour redonner à l’Alsace un contour institutionnel : une collectivité tournée vers l’avenir et l’innovation en réponse à nos spécificités territoriales, et conformément avec mes engagements pris lors de mon élection en 2017. C’est la continuité de ce que l’on a fait. On s’assure que tous les éléments juridiques et législatifs sont mis à la disposition de la Collectivité pour appliquer pleinement ses compétences. Pour être clair, les ordonnances existaient déjà, mais avec la loi, il s’agit du pouvoir législatif. Cela sécurise un peu plus la Collectivité en termes de recours. En plus de ça, nous avons fait des aménagements de ces ordonnances qui ouvrent de nouvelles possibilités. C’est un projet qui s’est construit avec les sénateurs, la CEA et le gouvernement.
Pour vous, l’Alsace doit sortir du Grand Est ?
J’ai toujours été très clair. La naissance de la CEA est une première étape qui vient juste de commencer. Je comprends Frédéric Bierry, mais il y a toutefois des questions qui se posent ; la CEA a trois compétences nouvelles : le bilinguisme, la taxe routière et les routes, et le transfrontalier. Je tiens particulièrement au transfrontalier, pour moi c’est le cœur du projet de la CEA. Pour l’instant aucune de ces compétences n’est pleinement exercée.

Il faut un peu de temps, non ?

Oui, mais il faut franchir les paliers. N’importe quel gouvernement ne donnera pas de nouvelles compétences si les premières ne sont pas exercées. Je viens de l’informatique, lorsque l’on n’est pas certain d’être consolidé au palier un, on ne passe pas tout de suite au palier deux. J’ai entendu la consultation, j’ai vu le résultat. Je n’ai pas de problème avec le oui, mais la question n’est pas juste oui. C’est oui, mais pour faire quoi ?

Il y a 3 ans, vous disiez à Maxi Flash : « Ce qui m’intéresse, c’est de réunir les gens autour de la table, pas que les élus, les citoyens ou les entreprises, pour remettre l’humain au centre. On est tellement occupé dans la société d’aujourd’hui, on n’a plus ce temps, ce temps du dialogue ». Avez-vous le sentiment d’avoir réussi à renouer ce dialogue ?

Cela reste la priorité des priorités. Je voudrais d’abord saluer mon équipe qui reste accessible, nous organisons des permanences dans les villages toutes les semaines, les gens viennent, on est aussi en contact avec les secrétaires de mairie, avec les adjoints et les maires. On est sur le terrain. On a fait plus de dix réunions avec les gilets jaunes, à chaque fois avec plus de deux cents personnes, nous sommes restés en contact avec certains qui nous appellent. Pendant la Covid, nous avons dû nous réinventer. Il faut que le dialogue soit maintenu. Même si l’on n’est pas d’accord. Ce qui compte c’est de continuer à se parler. Ma plus grosse fierté, c’est quand quelqu’un vient me dire que je suis resté accessible.

Quel a été le moment le plus émouvant de votre mandat ? Je pense à votre intervention, les larmes aux yeux, à l’Assemblée en 2020, lorsque vous avez parlé de vos jumeaux, une fille et un garçon sourds profonds. Vous n’avez pas eu recours à un diagnostic préimplantatoire avant la fécondation in vitro. Vous n’étiez plus le parlementaire, mais le papa à ce moment-là.

Oui. C’était un vendredi soir, quelques minutes avant la fin d’une séance. On parlait d’un sujet pointu, le dépistage génétique. J’y ai beaucoup réfléchi, le débat était très technique, et, à un moment, il n’y avait plus d’humain là-dedans. Ce n’était pas prémédité, mais j’ai voulu apporter mon expérience et l’on va dire que cela m’a échappé. Je ne m’attendais pas à tout ce phénomène. Le lendemain au réveil, lorsque j’ai vu le nombre de messages qui me parlait de mon intervention sur mon téléphone, j’ai été très mal à l’aise. Mais la mère de mes enfants m’a fait un très beau cadeau en me disant que mon intervention était juste et belle. Certains m’ont dit « enfin quelque chose d’humain ».

 

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