C’est en classe préparatoire que vous avez décidé de vous tourner vers l’enseignement. Pourquoi ce choix ?
Oui. C’était au lycée Jean Rostand. Je me suis rendu compte que le métier d’ingénieur, ce n’était pas pour moi. Moi qui ai toujours aimé apprendre, j’avais envie de parler et de transmettre des connaissances de la manière la plus simple, mais aussi la plus détaillée possible. Le métier de professeur correspondait bien à mes envies. Après la prépa, j’ai suivi une licence à l’université et j’ai réalisé une maîtrise. J’ai eu mon CAPES en 2000 et j’ai été professeure agrégée une dizaine d’années plus tard. C’est à ce moment que j’ai commencé à enseigner au collège, mais je trouvais ça un peu routinier.
En 2013, vous avez fait le choix de rejoindre la Maison pour la science. Qu’est-ce qui vous plaisait dans cette nouvelle expérience ?
C’était une aventure extraordinaire pendant sept ans. Cette expérience m’a permis de rencontrer des scientifiques intéressants. L’objectif était de construire des formations avec eux, pour montrer comment se fait la science au quotidien. En tant que professeurs, nous enseignons les savoirs scientifiques, mais nous ne sommes pas du tout formés à l’épistémologie. Finalement, les professeurs d’aujourd’hui ne savent pas comment ça fonctionne véritablement. Nous nous contentons de transmettre le savoir, ce qui en résulte.
En 2017, vous êtes partie deux mois en Antarctique, toujours dans le cadre de la Maison pour la science !
C’est un voyage qui a demandé beaucoup de travail en amont. J’ai évolué pendant deux mois dans un milieu extrême. Je me suis rendu compte que le collectif est très important pour la survie du groupe. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup anticiper, mais malheureusement, quand on part dans ce genre d’endroit, ce n’est pas possible. Il y a une part de mystère. Tous les jours, je devais envoyer des données de terrain aux enseignants et aux élèves qui attendaient mes retours, pour avancer dans leurs projets, comme la faune en Antarctique, le magnétisme ou encore la sismologie. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est de découvrir les métiers qui sont au service de la science, qui permettent que cet ensemble fonctionne bien, comme ceux qui travaillent en cuisine, les plombiers et même les mécaniciens. Ainsi, j’ai abordé le fonctionnement scientifique, technique, logistique et humain. En 2020, j’ai publié Mission Antarctique, passions et métiers au cœur de la science (Belin Éducation), où je reviens sur cette expérience en détail.
Depuis, vous avez quitté la Maison pour la science et sorti deux ouvrages. L’un s’appelle Femmes de science (La Martinière, 2021) et l’autre est sorti en février et s’intitule La Science à l’épreuve des mauvaises langues (Delachaux et Niestlé), où vous combattez les idées reçues. Est-ce encore une forme d’engagement ?
Bien sûr. Les idées reçues se propagent de plus en plus vite. D’ailleurs, mes élèves sont une grande source d’inspiration. Tout ce qui apparaît dans ce dernier livre est sorti de leurs bouches ou de mon entourage. Se tromper en science, par exemple, ça fait partie de la construction des savoirs, c’est comme ça qu’elle progresse et qu’elle se développe. Elle est un des domaines les plus évalués et offre des garanties solides. J’aimerais pouvoir aborder ces idées reçues en classe. Malheureusement, avec les programmes, je manque de temps. Ce quatrième livre est grand public. J’ai commencé à donner des conférences pour le présenter à des lycéens. J’ai donné un grand nombre d’interviews pour en parler. C’est important de faire vivre ces livres, et de ne pas les abandonner au fond de la bibliothèque.
Aujourd’hui, votre vie est partagée entre votre métier d’enseignante et celui d’autrice.
Quels sont vos projets ?
L’objectif est d’écrire deux livres par an. Je prévois de sortir un nouvel opus en septembre, et un autre six mois après. Celui de cet été sera coécrit avec mon mari, Guillaume Lecointre. Ce sera notre premier livre en commun, édité chez Belin Éducation. Dans nos domaines, nous nous sommes rendu compte qu’en biologie, nous utilisons beaucoup de métaphores. En réalité, si elles sont conçues pour mieux faire comprendre certains sujets, elles ont plutôt tendance à trahir la réalité de la biologie. Ensemble, nous faisons le ménage dans notre domaine. Nous en listerons trente-six qui n’aident pas à comprendre la biologie et qui sont fausses.