Le plot de ciment sous lequel on cachait des mots pliés en quatre pendant les jeux de piste est toujours là, à l’angle de la rue des Fourmis et de la rue des Cigales. Plus loin, hors de portée de vue des parents, la boîte aux lettres tout au bout de la rue des Voituriers est toujours là elle aussi. C’est là que j’ai échangé pour la première fois un baiser sur la bouche avec la langue. C’était la copine du théâtre, on jouait Antigone d’Anouilh au lycée, elle était Ismène et moi le Garde Jonas.
Maintenant, j’ai l’impression que la boîte, plus la même, plus moderne, et pleine d’amertume, a été déplacée deux maisons plus loin rue de la Ferme Falk.
Ambroise Perrin