Un livre de quelque 300 pages est en préparation, et Bernard Balva l’écrit à la main, donc « ça prend du temps ». Mais sa « tête fonctionne encore », alors rapide retour en arrière : en 1948, à 11 ans, il apprend la trompette sans l’avoir choisie, plus tard il ajoute l’accordéon, la contrebasse et la batterie ; en 1964, il intègre l’orchestre CK Perle (comme Charles Kleinknecht, patron de la brasserie) ; et en 1973, il en prend la direction et la présidence et le nomme Perle de Strasbourg. Dernier orchestre de brasserie existant, « il a été créé pour faire des animations dans les magasins, et on s’est promené du nord au sud de l’Alsace avec sept à quatorze musiciens », détaille Bernard.
Cinq semaines au Cameroun
Mais aussi beaucoup plus loin, trois fois en Allemagne de l’Est, ou au Cameroun en 1979—« au moins 100 pages dans le livre ! » prévient-il—, son plus grand souvenir.
« C’est un pays magnifique, on est resté cinq semaines au lieu de trois. J’ai failli être licencié par mon employeur, la Sécu ! On circulait dans les villages pour la fête de la bière et de la choucroute, on a eu du succès avec les gens, parce qu’on ne prenait pas de distance avec eux. À Yaoundé, le président de la République a voulu nous voir. J’ai discuté longtemps—comme je parle beaucoup, ça ne me dérange pas—et il m’a fait une accolade à la fin. Chapeau au personnage ! »
Bernard se souvient aussi de la ministre camerounaise de la Santé, « une grande et belle femme » placée à côté de lui à chaque fois, à qui il a expliqué le régime local de la Sécurité sociale depuis 1870…
La même année, Perle gagne le Grand prix du concours international des orchestres folkloriques, contre l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse… Bernard fait d’ailleurs fabriquer un fanion bleu-blanc-rouge pour éviter les méprises sur les frontières—dans le journal Libération ou à Marseille. Il décide d’ajouter « Dalida, Bécaud, Aznavour, à la Bloesmusik alsacienne, et encore maintenant on joue ce mélange, et ça a un succès formidable ! » Preuve en est, Perle a reçu le prix Kiwanis 2023 pour la défense de la musique alsacienne. Les rendez-vous annuels sont la Fête des vendanges à Strasbourg, la Fontaine de la bière à Mutzig, les 14 juillet et les concerts touristiques, « si Madame la Préfète l’autorise », ironise-t-il.
« Pas bon pour le cholestérol »
Malheureusement depuis sa prothèse au genou et ses « 27 pilules quotidiennes », Bernard ne joue plus, mais « j’ai encore une fonction : je chante et je raconte des blagues ! » Il cultive aussi ses autres hobbies, comme les plantes du sud devant sa maison de la Robertsau, un palmier, un olivier… Il y habite avec un de ses fils, sa voix se fait grave : « Mon autre fils est décédé à 44 ans d’un staphylocoque, une épreuve… »
Bernard a aussi eu 400 pigeons de concours, et cuisine quand sa fille emmène sa femme faire les courses : « J’ai fait un lapin selon la recette de Maité, mais c’est pas bon pour le cholestérol… » Seul regret, ne pas avoir appris l’informatique : son livre aurait été écrit plus vite !