Je deviens de plus en plus intolérante, m’a dit ma voisine l’autre jour en revenant de sa chocolaterie préférée.
J’ai répondu : pas à cause du chocolat j’espère ! Elle m’a dit que non, qu’heureusement il y a Pâques, la retraite de Sardou et le retour de Top Chef pour oublier tout le reste, et la liste est longue : pas de nouveau restaurant étoilé en Alsace, la région est dans le rouge pas dans le Guide rouge.
À ce train-là, il y aura autant d’étoiles sur les portes des restau alsaciens que sur le maillot du Racing (pour ceux qui veulent payer moins cher cette chronique, merci de remplacer train par Ouigo, mais on ne vous garantit pas la propreté des voitures).
À propos, un mot sur les prix des TGV pour cet été et ce système de réservation génial qui pousse à préférer la voiture, et sur Ségolène pas Royal. Ce n’est pas une parodie du Gorafi, c’est bien elle à la télé, en chroniqueuse assidue, au milieu de la bande de cerveaux cassés de l’âne Nouna. Mais pourquoi ? Pourquoi tant de mépris pour elle-même ? Que s’est-il passé pour qu’elle se dise : ah oui tiens c’est sympa d’aller me griller encore plus chez le roi de la vacuité dans le royaume de l’irréprochable Bolloré ?
Cela nous amène à la haine soudaine contre Aya Nakamura que je n’aimais pas beaucoup comme chanteuse, mais que je défendrai maintenant comme citoyenne quoi qu’il arrive, qu’elle chante aux Jeux ou pas, ça ne casse pas trois pattes à un piaf.
Et puis, ma voisine n’a pas oublié de citer Jordan Bermuda qui a séché le premier débat des Européennes. Heureusement, il a été remplacé par Thierry Mariani, bien connu pour son goût immodéré pour les belles démocraties ; comme Poutine a été réélu démocratiquement dans la foulée, côté RN on a dû déboucher le champagne trois étoiles et passer un coup de fil à Mélenchon… Oui, oh moi aussi je peux faire de la banalisation et du mépris des arguments, a balancé ma voisine.
Je n’aime pas dire du mal, mais ce sont des gens merveilleux, et particulièrement Jordan Bermuda, mon petit préféré, il est mignon comme tout avec son sourire pas forcé, comme si Le Pen appuyait sur le bouton ON. C’est un excellent parlementaire, fier de son bilan opaque. ON : en cinq ans, 21 amendements, quelques lignes tous les trois mois, il a bossé comme un forcené, on n’est pas loin de l’emploi fictif et personne n’y a vu que du feu, mais une flamme bleu blanc rouge, la classe jusqu’aux genoux le Bermuda. ON. Alors, il fait pareil pour la campagne des Européennes le chenapan, pourquoi s’emmerder quand on a déjà gagné et que le débat se transforme en référendum anti-Macron sans qu’il ne bouge le petit doigt ? Bon, sûr qu’il ira chez son poto Hanouna, histoire de banaliser un peu plus la propagande. Et puis, là au moins, on ne lui parlera pas de son travail dans l’hémicycle, personne n’aura la maladresse de lui rappeler son bilan famélique, non, on s’en fout de ça, c’est des conneries de journalistes payés avec nos impôts, pas vrai ? Le truc c’est de conserver son boulot, un plan royal, a conclu ma voisine. Tu veux un chocolat ? ON.