« Je n’avais pas envie de passer ma vieillesse dans le tumulte de Paris, c’est bien pour visiter et vite repartir », commente Pascale Paqueton. À 77 ans, cela fait huit ans qu’elle s’est installée à Haguenau, où elle avait des amis. Déjà lors d’un « tournage d’Une famille formidable à Strasbourg, la région m’avait vraiment plu, les gens sont sérieux, sympathiques, et puis la nourriture, les cigognes… », dit celle qui a « beaucoup voyagé, dans toute la France, à Cuba, aux États-Unis, en Russie… »
Mais, si elle a coiffé Claude Brasseur, Carole Bouquet, Gérard Depardieu ou Pierre Perret, elle se destinait à travailler dans un salon. « Je ne voulais pas faire de grandes études—dans ma famille tout le monde est médecin, ils ont crié au secours ! Je démarre dans un salon j’ai appris en observant, en écoutant. » Or, un jour son patron l’envoie chez le célèbre photographe Guy Bourdin, pour des photos de chaussures. « Sans notion de la hiérarchie, je lui demande pourquoi apprêter les mannequins si on ne voit pas leur tête ? Il m’explique qu’une femme coiffée a une façon de se mouvoir différente… Bourdin me rappelle, on sympathise, il aurait pu être mon grand-père ! C’est lui qui me prend un rendez-vous à l’ORTF. »
Une bonne mémoire visuelle
Après un essai concluant sur « une coiffure 1889 », Pascale passe dix-sept ans sur des tournages télé avant de devenir intermittente du spectacle à 45 ans, « pour continuer de bouger et voir d’autres gens ». Elle énumère Josée Dayan et Capitaine Marleau, la série Avocats et associés, Fortitude avec Richarde Anconina, Jefferson à Paris de James Ivory, où « on était 28 coiffeurs ». Bien qu’aujourd’hui elle soit « très cool », son « métier ne l’était pas du tout. Comme ce n’est pas tourné dans un ordre chronologique, vous devez tout noter pour les raccords, avoir une bonne mémoire visuelle, il faut être très rapide, vive, et très sûre ».
Des anecdotes, elle en aurait plein, mais se refuse à les divulguer, glissant que « les grands acteurs comme Liz Taylor vous laissent faire, ce sont plutôt les inconnus qui sont pénibles ». Elle confesse « avoir gagné très très bien [sa] vie » et enjoint les jeunes à potasser les langues et la culture générale pour « faire leur métier autrement, dans le cinéma. On peut être coiffeur, maquilleur, électro, ingé du son, menuisier, un tournage, c’est un travail d’équipe. J’ai fait tellement de rencontres, j’ai eu une vie de rêve ».