En février 2015, alors qu’il était encore en classe de terminale, Paul Anthony a été frappé par la profanation de près de 250 sépultures du cimetière juif de Sarre-Union, par une bande de jeunes de son âge : « Ça a développé chez moi une volonté de m’investir pour la mémoire de ces personnes », explique-t-il. Après une licence en histoire et au début de son master, Paul s’est rapproché d’Audrey Kichelewski, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Strasbourg, qui lui a parlé de l’association Stolpersteine 67 : « J’ai tout de suite été intéressé et j’ai rejoint ses rangs sans hésiter. Elle a été la première association française à poser des pavés de la mémoire. Elle est présidée par Richard Aboaf, qui est aussi un artiste reconnu. Pour ma part, je suis chargé des recherches et des activités pédagogiques ». L’objectif de l’association est de ne pas oublier, de garder en mémoire tous ceux qui ont malheureusement été victimes du national-socialisme allemand pendant le second conflit mondial, en posant des pavés dorés devant leurs anciens lieux d’habitation, en lien avec les descendants : « L’association lutte contre les discriminations et cherche à éclairer les citoyens de demain ».
Les premiers pavés ont été installés à Strasbourg, en mai 2019. Depuis, près de 300 ont été posés dans toute l’Alsace.
Un pont entre l’associatif et le professionnel
En parallèle de ses actions au sein de l’association, Paul a suivi un master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) et passé avec succès son CAPES en histoire-géographie : « Je suis enseignant depuis un an. Lors de ma première affectation au collège Paul Wernert d’Achenheim, je n’ai pas hésité à mêler ma vie professionnelle et ma vie associative. J’ai inclus les élèves dans les projets de Stolpersteine 67 ». Une quinzaine de pavés ont été posés à Sarre-Union le 16 juin, et trois autres à Oberschaeffolsheim le 18 : « Un hommage a été rendu aux Lévy, une famille de bouchers du village, déportée et tuée dans des camps de concentration. Nous avons posé les pavés devant leur ancienne maison, avec l’accord de la municipalité ». Avec ces poses, l’association crée une synergie entre municipalités, habitants, familles, enfants, élèves et professeurs. Muté au collège du Ried de Bischheim, Paul compte bien multiplier les poses dans son nouveau secteur.
