Originaire d’Hochfelden, il est arrêté par la Wehrmacht, mais s’évade en 1943. Officier supérieur de l’armée française, il s’engage dans la France libre, passe plusieurs années au Liban. Et après la guerre, l’Alsace devient sa grande passion. Elle l’anima toute sa vie. Devenu notaire de campagne, en 1952, il s’installe à Pfaffenhoffen qu’il ne quittera jamais. Il défend le droit local, en rédigeant de nombreuses publications, et trouve dans l’art populaire alsacien une occupation dévorante. Il collectionne tout ce qui lui tombe sous la main, les moules à kouglof, les plaques de cheminée, les cartes postales, les images de piété, et bien sûr la peinture populaire. Sa maison en est remplie de la cave au grenier. François Lotz invite chez lui les étudiants à qui il donne des cours à la faculté, son épouse prépare des tartes flambées.
Toute une génération de juristes est initiée à l’art populaire alsacien. Il collectionne également la peinture et rédige quatre tomes, un par siècle, qui répertorient tous les peintres alsaciens de A à Z. Comme sa maison est pleine, il crée un musée dans la rue principale qu’il finance pendant de nombreuses années. De là est créé en 1999 le musée de l’Image populaire. François Lotz décède deux mois avant l’inauguration. Ce lieu existe depuis 25 ans, mais il ne portait pas le nom de son créateur : l’anomalie est enfin réparée grâce à la volonté de ses enfants : « C’est l’histoire d’une vie consacrée à l’Alsace », affirme Martine Calderoli-Lotz, sa fille. « Je suis absolument heureuse de ce qui arrive, parce que je trouve qu’il est juste qu’un homme qui a consacré toute sa vie à l’Alsace soit reconnu. C’est légitime que ce musée prenne son nom. Il est un exemple, pour les jeunes et pour nous tous, de ce que l’on peut faire lorsqu’on est passionné par quelque chose, et lorsque l’on est à ce point attaché à sa région. Mon père était jusqu’au-boutiste, quand il commençait quelque chose, il le terminait, il avait le côté obsessionnel du collectionneur. Tout ce qui se rattachait à l’Alsace était une collection possible. »
« Le but de cette
exposition est de sensibiliser la population à la beauté de la peinture alsacienne »
Le patrimoine alsacien révélé
Une exposition anniversaire permet de mieux connaître la peinture alsacienne. On y trouve des œuvres magnifiques de Lothar von Seebach, Charles Spindler, Émile Schneider, Marie-Augustin Zwiller, Inès Wagner, et tant d’autres. Plus de 40 artistes, 80 pièces appartenant à plus de deux siècles de création artistique sont exposés : « Tous les artistes, les galeries, les marchands de tableaux, les antiquaires de l’époque le connaissaient.
Il lui arrivait de m’emmener à Paris à Lyon ou Genève pour aller acheter des tableaux. On se levait à 5h et on faisait la route. Mon père a fait beaucoup pour Pfaffenhoffen, et pour l’Alsace », explique Vincent Lotz, son fils qui est, comme sa sœur, gardien de cette précieuse collection et de la mémoire de son père. « Le but de cette exposition est de sensibiliser la population à la beauté de la peinture alsacienne », complète la fille du collectionneur. Une sélection de peinture, de dessins, d’estampes et d’imprimés, pour certains jamais exposés, résonnent aussi sur le plan touristique et contribuent à l’image de la région, car François Lotz, qui a laissé de nombreux écrits, était aussi un homme ouvert sur le monde.
L’info en plus
En parallèle de cette exposition, de nombreuses animations sont proposées tout au long de l’année par le musée. Des visites guidées, des ateliers, créatifs, des conférences sur l’histoire de la peinture en Alsace, etc. Informations : Musée de l’Image populaire – François Lotz à Pfaffenhoffen. Téléphone 03 88 07 80 05. Valdemoder.fr