samedi 23 novembre 2024
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Alsace – Laurent Pfaadt met son écriture au service de la mémoire

Laurent Pfaadt, originaire de Bischwiller, n’est pas seulement haut fonctionnaire. Il est aussi un écrivain prolifique. Pour son nouvel ouvrage, il revient avec brio sur l’histoire et la fin mystérieuse de l’un des pires criminels nazis, Gustav Wagner. Écrit à la manière d’un roman policier, L’Affaire Gustav Wagner : résolution d’un cold case nazi de 40 ans.

Vous avez écrit Les Grands Mystères de l’Histoire, mais aussi sur Simone Veil ou encore sur l’histoire de votre famille. Ce qui vous plaît dans l’écriture, c’est le rapport à l’histoire ?

On a commémoré la mort de Samuel Paty récemment. J’en ai rencontré un, de Samuel Paty, quand j’étais adolescent. Il s’appelle Claude Timon. Il m’a mis sur la voie de l’histoire et depuis, je ne l’ai jamais quittée. J’écris sur elle, je l’ai étudiée… Alors oui. C’est le fil rouge de ma vie. Ensuite, bien sûr, ce qui me plaît c’est aussi le rapport au livre, à l’objet, et le fait de laisser une empreinte dans le temps.

Un fil rouge que nous retrouvons dans l’Affaire Gustav Wagner. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur ce nazi tout particulièrement ?

J’ai lu il y a quelques années le livre de Gitta Sereny, Au fond des ténèbres, sur le commandant nazi Franz Stangl. En le lisant, j’ai vu qu’elle parlait de Gustav Wagner, que le commun des mortels ne connaît pas. Mais il a tué 250 000 personnes et il était commandant adjoint du camp d’extermination de Sobibor. Il est sorti vivant de la guerre, sans avoir été jugé, puis j’ai découvert qu’il est mort dans d’étranges circonstances en 1980, au Brésil. L’écrivain qui est en moi s’est alors dit qu’il y avait une trame narrative à explorer. D’ailleurs, cette trame a été difficile à écrire. Mais je pense que j’y suis arrivé parce que, quand j’ai déposé mon manuscrit chez Fayard, toute la maison d’édition voulait connaître la fin. Ils étaient à fond dans l’histoire (rires) !

Gustav Wagner au Brésil en 1978. Responsable de la mort de 250 000 personnes, il est mort dans d’étranges circonstances, officiellement d’un suicide. / ©dr
Sa mort, c’était il y a 40 ans. Est-ce que vous diriez qu’aujourd’hui, la mémoire est apaisée au sujet de ce criminel ?

Non, et c’est tout l’intérêt du livre. En le lisant, le lecteur fait œuvre de mémoire. Je pense qu’en ces temps troubles, où on a un regain d’antisémitisme, il n’est pas idiot de le lire, pour se rappeler où mènent ces sombres chemins. Il y a des gens qui ont tué 250 000 personnes, et on ne connaît pas leur nom. Si vous ne mettez pas un nom sur les bourreaux, ça offre la possibilité à l’histoire de se reproduire.

Et maintenant que cet ouvrage est sorti, vous avez déjà des idées en tête pour vos prochains livres ?

Oui, bien sûr. Mais je ne vais pas vous dévoiler les sujets (rires), simplement que j’irai en Alsace et au Moyen-Orient. Toujours avec de l’histoire, toujours avec des archives inédites, toujours avec des rencontres incroyables.

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