C’est un projet de longue date qu’a porté Pauline Pertek, professeur d’arts plastiques, sensibilisée à l’équithérapie. « Depuis toute petite, les chevaux sont essentiels à mon bien-être, c’est une échappatoire, une sensation de liberté qui m’a beaucoup apporté dans ma scolarité ». En poste à Haguenau depuis 2006, elle est d’abord partie en mission humanitaire à Sarajevo en 2004 : « Avec des enfants mutilés de guerre qui avaient des cicatrices au visage ou des problèmes de mobilité, le rapport au cheval permettait de tout oublier, il était sincère ». Lorsque trois Toy horses, c’est-à-dire des petits chevaux de 60 à 90 cm, ont été cédés par le haras des Bussières l’été dernier, le collège en a acquis deux, âgés de 2 et 3 ans.
Restait à aménager une grange dans l’idée de Pauline Pertek, mais finalement « les agents d’entretien savaient qu’il existait une ancienne étable. Ils y ont mis l’eau courante et l’électricité, et les 7 ha de terrain du collège servent de pré ». Si les enfants qui vont à la cantine s’arrêtent pour caresser les pensionnaires à quatre pattes, il a d’abord fallu leur inculquer les apprentissages de base. « Ne pas avoir peur, respecter l’humain, accepter le licol : ils n’étaient pas dressés », détaille la responsable. Ainsi, 90 collégiens se sont portés volontaires selon un roulement entre midi et 13h, et les deux classes de CM1 et CM2 consacrent une heure à Nuage de crème et Malabar tous les matins. « Ce sont de grands groupes en autonomie, ils savent qu’il ne faut pas crier, rester calme. Cela les canalise et les responsabilise, ils gèrent le stock, les soins, les activités… »
« Les deux classes
de CM1 et CM2 consacrent une heure à Nuage de crème et Malabar »
Entraide et envie
À l’entrée de la sellerie, des bottes, des pelles et des brosses : tout pour nettoyer l’écurie, leur donner du foin, les soigner, mais aussi leur apprendre le slalom ou à jouer… au foot ! « L’apport est incroyable, note la prof. Les petits et les grands se transmettent des savoirs alors qu’ils ne se côtoient pas dans la cour, il y a de l’entraide et l’envie de venir à l’école ». Qui plus est, Malabar attire les hyperactifs : d’abord craintif, il devient curieux puis collant ! Avec ses poils d’hiver dignes d’un labrador, il fait aussi fondre les adultes : « Le week-end, des profs volontaires ou le personnel administratif s’en occupent. Et pendant les vacances, ils rejoignent l’écurie de mon mari à Brumath », sourit Pauline Pertek. Ils seront présentés au public lors des journées portes ouvertes le 1er mars (9h30 à 13h).
