Vous êtes journaliste, quel cursus avez-vous suivi ?
À 10 ans, j’ai intégré l’institut Don Bosco de Landser, dans le Sundgau. Pour l’anecdote, à seulement 14 ans, je me suis permis d’écrire au directeur de l’époque du Centre universitaire européen de journalisme (CUEJ) de Strasbourg, Monsieur Alphonse Irjud. Je souhaitais savoir comment devenir journaliste. Il m’a répondu, m’a conseillé de passer mon baccalauréat et de retourner le voir une fois le diplôme en poche. J’ai suivi son conseil et tout s’est passé comme prévu. J’ai réalisé le cursus de journalisme sur trois ans et j’ai terminé major de la promotion en presse écrite.
D’après votre CV, votre premier poste était à l’Île Maurice. Comment vous êtes-vous retrouvé à lancer votre carrière à l’autre bout du monde ?
Je n’avais aucune envie de réaliser mon service militaire. À la place, j’ai préféré partir et être coopérant journaliste à l’Île Maurice. C’était la première fois que je prenais l’avion et que j’allais à l’autre bout du monde. Intéressé par la musique depuis toujours, j’ai tout de suite commencé à m’intéresser aux artistes locaux. J’ai consacré de nombreux articles aux chanteuses et chanteurs mauriciens. J’ai travaillé pour plusieurs titres comme La Vie Catholique, Week-end et même Le Mauricien. Après un bref passage en France, j’ai décidé d’y retourner, mais je n’étais plus coopérant, donc je ne pouvais plus y travailler. Avec ma femme de l’époque, nous sommes partis sur l’île de la Réunion voisine, à seulement 15 minutes d’avion. J’y ai continué ce que je savais faire : écrire sur la musique. J’y ai travaillé six ans, deux au Quotidien de la Réunion et quatre chez Télé 7 jours Réunion magazine. Ensuite, en 1986, quand je suis rentré à Paris, j’ai continué à m’intéresser à la Réunion. Avec ma femme, nous avons même créé un magazine pour les Réunionnais de métropole. Dans la foulée, en 1994, j’ai aussi publié un livre dédié à L’émigration réunionnaise en France, tout en intégrant des passages sur des artistes de l’île installés dans l’hexagone.
Une autre composante importante de votre vie, c’est le magazine Chorus, les cahiers de la chanson. Que retenez-vous de cette expérience ?
En 1990, désireux de rentrer en Alsace, j’ai frappé à la porte des Dernières Nouvelles d’Alsace. En parallèle, j’ai co-fondé le magazine Chorus, les cahiers de la chanson, avec Fred Hidalgo, un ami, mais aussi une personnalité française de presse et d’édition. Tous les trois mois, nous sortions un magazine de près de 200 pages. Très rapidement, Chorus est devenue une référence de la chanson française, et plus généralement de l’espace francophone, en couvrant l’actualité, mais aussi le patrimoine et le devenir de la chanson d’expression française. C’est grâce à ce titre que j’ai beaucoup voyagé de l’autre côté de l’Atlantique, aussi bien au Québec qu’en Acadie, et même à Saint-Pierre-et-Miquelon. J’ai toujours fait plein de choses en même temps.
En 1997, vous rencontrez Jacques Schleef. L’aventure Summerlied démarre !
Quand j’ai appris qu’un festival de musique du monde allait se tenir à Ohlungen, je n’ai pas réfléchi. Je m’y suis rendu et j’ai sympathisé avec Jacques, le fondateur. J’ai consacré de nombreux papiers au festival, aussi bien dans les DNA que dans Chorus. Cependant, je n’ai jamais souhaité intégrer l’organigramme de Summerlied. Je préférais rester dans l’ombre, et jouer un rôle de consultant ou de conseiller. J’ai fait découvrir de nombreux artistes à Jacques. Quand Summerlied s’est arrêté en 2018, nous n’avions pas envie que cette histoire soit oubliée. Nous avons décidé de sortir un livre, Summerlied, l’Alsace en musiques, paru l’année dernière. Nous avons aussi fondé l’association Les Amis de Summerlied, dont Jacques est le président.
« Je fais des branchements entre les gens »
Depuis deux ans, vous gérez un groupe Facebook appelé Chanson alsacienne d’hier et d’aujourd’hui. Comment évolue-t-il ?
Pour éviter d’inonder mon compte personnel d’informations en tout genre sur la musique alsacienne, j’ai décidé de créer ce groupe en juin 2022. Il compte déjà 1 200 membres. J’y relaye des actualités diverses. Le groupe est reconnu, aussi bien par le public que par les officiels. Des artistes me contactent et je les branche à d’autres professionnels. Je suis journaliste de formation, mais surtout électricien. Je fais des branchements entre les gens.
Vous venez de recevoir le Prix Goldstein, décerné par l’association Heimetsproch, pour saluer votre engagement pour la chanson alsacienne. En êtes-vous fier ?
Bien sûr. Je l’ai accepté avec plaisir, avec beaucoup d’émotion et de fierté. Jacques Schleef et même Jean-Pierre Albrecht, avec qui je viens de partir dans le Pays basque, ont aussi reçu ce prix lors d’éditions précédentes. Pour la cérémonie, qui s’est tenue au vignoble biologique Lissner de Wolxheim, j’ai tenu à inviter plusieurs artistes alsaciens comme Stéphane Jost, un chanteur originaire de Lembach, le groupe Goljan, spécialisé dans la musique médiévale, et l’ensemble Mit’nand. J’en ai profité pour rappeler que je suis pour une Alsace non pas repliée sur elle-même, mais riche et accueillante.