Fort de sa « longue carrière dans la recherche et l’enseignement en histoire » (il est professeur émérite à l’Université de Strasbourg), Georges Bischoff a un credo : « C’est en distrayant qu’on apprend, il ne faut pas faire des trucs ennuyeux ». Il apporte à travers les 36 courts chapitres du livre, des faits et des dates concrets et très documentés mais il estime qu’« il vaut mieux aiguiser la curiosité, pour amener à regarder différemment ». Rien de scolaire donc, mais « un bouquet d’anecdotes qui prennent l’histoire à rebrousse-poil avec des choses futiles ou insignifiantes ».
Rares sont les livres d’histoire qui abordent par exemple la présence de souris ou de rats. « Il se trouve qu’à Niedernai, il y a dans les archives une mention du paiement d’un attrapeur de rats qui a fait sa tournée avec des chiens dressés ». Car quand on se promène dans les ruines, on voit ce qu’il en reste, pierres, ouvertures, fossés, mais « en réalité, il y avait du bois, du torchis, du textile de tout poil, et des problèmes concrets puisque, pour être relativement autonome, un château abritait un grenier, donc du grain, donc aussi rats et souris ».
Dark Vador et les squatteurs médiévaux
Georges Bischoff résume : « Ce qui m’intéresse, c’est que ça fait sacrément rêver ! Un château fait partie de l’imaginaire, qu’est-ce qui va se passer là-dedans ? Vous fantasmez un max, vous imaginez une belle châtelaine, pourtant les femmes s’ennuient dans les châteaux ou meurent de froid ! »
C’est l’histoire de cette dame qui convainc son mari d’habiter en ville, celle de squatteurs médiévaux, des origines de Dark Vador, d’une touriste anglaise de 1882, ou des questions de prestige aussi—qui de porter un nom à particule, Hennemann de Schoenau de Stettenberg par exemple—, qui d’investir sa richesse dans la pierre, « comme un Trump en Floride… »
Également féru de jeux de mots (« fidèles castraux », « prospère périmé » etc.), l’historien brosse large : avec 500 ruines de châteaux, la plupart construits entre 1000 et 1500, l’Alsace regorge d’histoires fantastiques. « Ça montre que lorsque les châteaux ont perdu leur importance militaire, ils deviennent des lieux de mystère. »
L’INFO EN PLUS
Pour Georges Bischoff, « le plus beau, c’est le château de l’Ortenberg » (ou Ortenbourg), au-dessus de Sélestat : « Architecturalement, il est magnifique, d’une modernité extraordinaire, il a été construit en cinq ans en granit et a des formes extrêmement pures, comme une tour de contrôle. On peut y aller à pied, on le mérite d’autant plus. » Un chapitre lui est consacré dans Les ruines fantastiques.