C’est ma vie

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On n’a plus le temps de rien. Dans la voiture qui me ramenait du Haut-Rhin, je pensais à ma chronique, je me disais que ça serait bien d’écrire sur les masques, le ras-le-bol de ce truc qui gratte et qui m’empêche de discerner les sourires sur le visage des gens et de ma voisine. Lorsque je suis arrivé au péage du GCO les cœurs, le temps de trouver ma carte bleue, un petit bouchon s’est formé derrière moi, et des klaxons ont résonné dans le ciel déprimant et enfumé de janvier. J’avais perdu beaucoup de temps et, en arrivant devant mon appartement, j’ai croisé mon voisin, l’homme le plus perplexe d’Alsace du Nord, le représentant de commerce du moral à zéro. Je lui ai dit que j’étais à la bourre pour ma chronique sur ma voisine, que le bouclage de Maxi Flash arrivait à grands pas, que c’était pourtant l’acte essentiel de ma vie (bon, là j’en ai rajouté, c’est vrai). Je n’avais pas remarqué que ma voisine était juste derrière nous, elle revenait d’un cours de natation et m’a demandé si je parlais d’elle, qu’est-ce que c’était que cette chronique?
J’étais démasqué. J’ai avoué que oui, chaque semaine dans Maxi Flash je raconte sa vie, notre vie, nos échanges dans l’escalier et plus quand affinité. Elle est rentrée chez elle avec son masque et son tuba sans dire un mot, exaspérée. Je ne suis pas près de passer des vacances, ou d’aller au bal masqué ohé ohé avec elle, pas sûr de pouvoir écrire une nouvelle fois sur ma voisine. Je ne suis même pas certain de l’écrire en ce moment même, cette chronique. Je crois que ce mois de janvier a été interminable.