Clubhouse : Le nouveau messie du marché des applications

La plateforme Clubhouse s’est hissée en quelques mois parmi les plus tendances sur le continent américain. Et tandis que le reste du monde s’y met, les polémiques s’empilent.

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Aux États-Unis, la presse et les influenceurs se bousculent depuis onze mois pour tester la version bêta de Clubhouse, la dernière licorne (terme désignant une entreprise rare qui révolutionne un marché) de la Silicon Valley. Sur ce nouveau réseau social, tout repose sur la voix. Aucun message texte n’est permis. L’application se présente comme un savant mélange des plateformes de chat instantanées (comme Discord, Teamspeak ou Mumble) et des podcasts. Chacun est capable d’y créer sa propre salle de discussion et d’en réguler l’accès, privé ou public. Les utilisateurs peuvent y écouter des conversations, des interviews et des discussions entre des experts sur différents sujets, mais aussi des échanges lambda de la vie quotidienne. L’accès à l’application n’étant pour l’instant réservé qu’à une élite — par le parrainage d’un utilisateur déjà inscrit — elle est devenue l’objet de toutes les convoitises.

Un réseau social différent ?

Même si leur nombre croît rapidement, le nombre d’utilisateurs de Clubhouse reste pour l’instant volontairement restreint. Une singularité qui, comme l’explique Kevi Roose, journaliste au New York Times, donne à Clubhouse une aura particulière. Dans une critique, il écrit à propos d’une conversation capturée par hasard : « Tout cela était fascinant, surprenant et un peu surréaliste, comme regarder par les fenêtres de maisons d’étrangers. » Contrairement à Facebook, TikTok ou Twitter, qui s’articulent autour de « flux centraux » (sujets tendance, actualités et hashtag), Clubhouse se divise en salons thématiques (en lobby), comme les sujets d’un forum de discussion. Et à l’instar de Reddit, le plus fréquenté d’entre eux, ce sont les utilisateurs qui créent et modèrent les salons. Un fonctionnement anarchique qui, comme le rappelle le journaliste du NYT, favorise aussi la création d’un entre-soi menant à des dérives.

Le doute et les polémiques

Quelques semaines après son lancement, la presse avait déjà relayé des allégations selon lesquelles Clubhouse aurait permis la prolifération de discours antisémites, comme sur Triler, l’application privilégiée de l’extrême droite américaine. Et, nouvelle étape quasi logique après Tik Tok, la société a également été accusée de détourner les données d’utilisateurs au compte de l’État chinois. Clubhouse hérite d’une certaine manière de toutes les polémiques qui entourent les réseaux sociaux depuis deux ans. Néanmoins, son arrivée sur le continent européen semble inarrêtable.