L’épreuve de la rentrée

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Ah, tu es rentré, m’a dit ma voisine l’air étonné. J’ai répondu comme tout le monde que oui, que toutes les bonnes choses ont une fin, que je serais bien resté quelques jours de plus, mais que j’adore les retours de vacances après d’interminables bouchons sur l’A7, mais aussi l’épreuve de l’ouverture de ma boîte aux lettres.

À côté Koh Lanta c’est une balade au bord de l’eau en mangeant des churros. J’arrive, chargé comme un mulet de valises et de spécialités locales de là-bas et j’entre dans la bien nommée « cage d’escalier ». Je la reconnais au premier regard, elle déborde de courriers en tous genres. Juste avant de l’ouvrir, je me souviens que j’ai un gros défi à relever : chercher mes clés. Cette épreuve insensée me plonge immédiatement dans le même état de stress et de fatigue qu’au moment du départ.

Je finis par les retrouver dans une boîte de gâteaux au fond de la 3e valise déballée sur le palier, la loi de Murphy c’est pas fait pour les chiens, et je découvre au milieu de publicités en papiers glacés et de cartes postales (pas une seule cette année, les traditions se perdent) l’inévitable et adorable lettre des impôts. Oui, c’est bien elle, celle qui me ramène à la réalité alors que sauf surprise je connais très bien son contenu. À cet instant je sais ! Je sais que c’est la fin de l’été.

Et voici maintenant l’épreuve délicate de l’entrée chez soi. Cette odeur bizarre, elle était là il y a trois semaines ? Qui a oublié de vider la poubelle ? Ou alors, c’est cette coupure de courant, les plombs ont sauté, non ? C’est sympa l’odeur d’un congélateur au contenu entièrement moisi, mais ce n’est rien à côté de l’épreuve inattendue, le sale coup ultime : les nouveaux voisins. Cette année, ils ont la tête de frelons asiatiques et la taille d’un pouce de bûcheron, ils ont trouvé la vue magnifique. Quand le spécialiste de la destruction de ces bestioles met mon chèque de 150 euros dans sa poche, je n’ai plus qu’à ouvrir mes 348 mails. Alors oui, je suis bien rentré, mais comme tout le monde, j’ai encore un peu la tête sous mes lunettes de soleil et le maillot de bain humide.