Tribune : Covid-19, « La vaccination, seule porte de sortie »

Étudiante en 4e année de médecine et en stage aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Marine Stoffel voit depuis quelques jours la situation sanitaire se dégrader sous ses yeux. Ancienne élue et responsable politique de la stratégie de Santé universitaire de l’Université de Strasbourg, elle regrette la réticence de la population face à la vaccination, seule solution à cette crise sanitaire.

0
837

Mercredi 6 janvier 2021 :

« J’arrive à l’hôpital à 7h pour les transmissions et démarrer ma journée. Je passe toujours par le côté des urgences, car plus simple d’accès jusqu’à mon service. Ce matin, une queue monumentale d’ambulances attend devant l’entrée des urgences. Nous accueillons depuis ce mercredi tous les patients Covid+ qui ont été contaminés pendant les fêtes. Ce cortège ne cesse depuis la nuit dernière et ne cessera pas dans les prochains jours. Les services qu’on avait réaménagés pour accueillir plus de patients Covid, puis fermés, rouvrent à nouveau.

Dans mon service, un patient dont l’opération du cœur a dû être retardée, car positif au Covid, vient de décéder sous mes yeux. La semaine dernière nous avons dû faire face à deux autres décès de patients que l’on devait opérer et qui étaient atteints du Covid.

Il est bien loin le temps où les pandémies (comme la peste) disparaissaient toutes seules au bout de 3/4 ans parce qu’arrivées à un certain nombre de contaminations, les patients mouraient plus vite qu’ils n’avaient le temps de contaminer. Aujourd’hui, les progrès de la médecine nous permettent de tenir le patient en vie, ce qui lui laisse le temps de contaminer un grand nombre de personnes avant de guérir, ou mourir. D’autant plus que nous ne pouvons arrêter les flux de population et le brassage bien plus important du 21ème siècle. Conséquence : nous nous retrouvons sans cesse avec des re-contaminations de zones qui étaient pourtant déjà sévèrement touchées par la maladie.

Le vaccin pour soi mais surtout pour les autres

Il n’y a pas de miracle. Nous ne pouvons pas compter sur l’immunité collective par contamination, pour les raisons énoncées plus haut. La vaccination reste donc notre unique porte de sortie.

Pour rappel, nous ne nous vaccinons pas uniquement pour nous (parce que nous sommes à risque, ou non, ou parce que nous l’avons déjà eu, ou pas). Nous nous vaccinons pour les autres. Ce vaccin évite le développement des formes graves de la maladie. Ainsi, le patient se remet plus vite de la maladie et présente un nombre de virus dans son corps qui peut être moindre. Ceci permet de réduire la transmission de ce virus. Il permet également, en évitant les formes graves, de désengorger les hôpitaux et ainsi tendre vers un retour à la vie normale.

Par ailleurs, la technique utilisée pour élaborer le vaccin a été construite sur plus de 20 ans et est déjà bien connue de tous (méthode de l’ARN). Elle ne contient pas d’adjuvants contestables comme de l’aluminium.

Le vaccin a été validé par Autorisation de Mise sur le Marché par des procédés très lourds de la Commission Européenne, de la HAS (Haute Autorité de la Santé) et toutes les autorités de santé. Ne vous méprenez pas avec l’entièreté des discours qui sont fondés sur des théories de complot et anti-gouvernementales (bien que certaines stratégies puissent être contestées) qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux.

Pour espérer retrouver une vie normale

La seule réalité tangible est celle que l’on voit dans les hôpitaux actuellement (mon patient avait 44 ans). Cette réalité, c’est celle des patients sous coma artificiel, allongés dans des lits les uns à côté des autres à la file. Et ce n’est pas à cause du vaccin. Je ne suis pas sûre que la peur de faire une réaction cutanée due à ce vaccin fasse pencher la balance. Il n’y a pas d’aluminium et d’adjuvants dedans, donc dans le pire des cas, même si le vaccin était moins efficace qu’attendu, le faire n’est pas plus dangereux que pour nombre de médicaments que nous prenons usuellement !

Le risque 0 n’existe pas, mais une chose est sûre : une personne, jeune ou pas jeune, à risque ou non, a bien plus de chances de souffrir de séquelles du Covid ou de mourir que d’utiliser ce vaccin. Il s’agit de la balance bénéfice-risque.

Il est l’heure pour nous toutes et tous de penser collectivement pour espérer retrouver notre vie normale. Ne pas se faire vacciner, c’est dans un sens accepter ce mode de vie, ces restrictions, et accepter le fait que des grands-parents, parents, conjoints, décèdent seuls dans des conditions qui se veulent déshumanisantes. »

Marine Stoffel