Maxi Flash : Comment devient-on chauffeur poids lourd ?
Pour ma part, j’ai toujours aimé la route, cette découverte de l’inconnu, cette sensation de liberté et de responsabilité aussi. Je pars à l’aventure et c’est grisant au volant ! Après mes études, je me suis engagée dans l’armée, j’avais déjà mon permis B, et les permis poids-lourds et super-lourds, je les ai passés à l’armée. La formation matières dangereuses aussi puisque je ravitaillais les hélicoptères sur la base aérienne de Phalsbourg. Après cinq ans, je suis repassée dans le civil.
C’est un métier qui recrute, avez-vous trouvé facilement un poste ?
À l’époque oui, parce que les employeurs savent qu’en sortant de l’armée, on a une certaine rigueur, le boulot c’est comme une mission, il sera fait. On manque cruellement de chauffeurs en général, et je suis heureuse que le métier se féminise, parce qu’il y a eu beaucoup de progrès sur les camions. Avant on disait Dédé le routier, c’était rude ! Grâce à la technologie et au confort, les femmes peuvent s’épanouir, et nous sommes autant capables, même si c’est difficile.
À quoi ressemblent vos journées ?
Dans mon domaine, c’est un vrai luxe, on n’a pas de patron sur le dos, on fait notre journée. Je commence à 5h, je fais le tour de mon camion, je vais charger soit au port à Strasbourg, soit au dépôt de Reichstett. Puis je prends la route pour le client, ça peut être en Alsace, ou à Metz, dans le Doubs… On peut avoir trois tours par jour, mais un seul si c’est dans les Vosges. Il faut savoir qu’on roule à 80 km/h maximum en matières dangereuses. Avec les aléas du (dé)chargement, les bouchons, on ne sait pas quand on finit, ce sont de longues journées.
Ressentez-vous parfois les risques du métier ?
Au début c’était assez stressant, mais on s’y fait. Dans une station-service, on balise le tour du camion pour garder une zone de sécurité, et on s’habille avec les équipements de protection individuels (EPI). Le déchargement peut durer une heure, avec interdiction de rentrer dans la cabine, de fumer, de téléphoner, il faut rester attentif, même en plein soleil ou pluie. Ça peut aller très vite, un tuyau mal branché, et quand ça s’étale, c’est énorme. Il y a toujours des risques, on n’est jamais à l’abri de vapeurs, ça peut être explosif. Mais on n’en respire pas plus que ça, le récupérateur de vapeurs est un système bien rodé. Même si je ne fais pas mes 41 ans, ce n’est pas grâce aux vapeurs, c’est plus largement parce que le travail, c’est la santé !