L’Alsace du Nord est un territoire que vous connaissez bien ?
Je connais surtout Haguenau grâce à un homme qui fut mon ami pendant plus de 40 ans, Paul Fischer, le journaliste de l’Équipe et des DNA à qui je suis resté fidèle jusqu’au bout. Avec mon épouse, nous lui rendions régulièrement visite à l’hôpital, parfois avec un peu de foie gras et du champagne, il adorait ça. La famille Fischer est très connue sur la place. En minimes ou cadets, le Racing n’était pas dans le même groupe que Haguenau, mais je me souviens de la grande équipe que j’allais voir quand elle jouait en division 2, sous la direction de Max Hild, avec qui j’ai beaucoup travaillé. Je me souviens aussi, quand j’étais entraîneur du Racing, que je devais rencontrer Bâle en match amical, à Haguenau. Mais avant ce match, j’ai trouvé que mon équipe était tellement mauvaise que j’ai préféré organiser un entraînement et envoyer l’équipe stagiaire à notre place.
Il y a d’autres clubs d’Alsace du Nord qui vous évoquent des souvenirs ?
Oui, bien sûr. Dans les années 50, je me souviens de Bischwiller, de l’équipe de Paco Matéo qui entraînait et de Lucien Muller avant qu’il vienne au Racing, j’étais gamin à l’époque. Vous vous rendez compte ? Le football m’a toujours passionné. À l’âge de 4 ou 5 ans, je savais que je voulais devenir professionnel. Et, à partir de 10 ans, je savais que je voulais devenir entraîneur. À l’époque il n’y avait pas beaucoup de voitures, on pouvait jouer dans la rue, c’était extraordinaire ; un jour, mon copain Freddy m’a dit en voyant passer un avion dans le ciel qu’il deviendrait pilote, je lui ai répondu que je serai footballeur professionnel, nous avions tous les deux réalisé notre rêve.
Que devenez-vous ?
Je fais environ 40 000 kilomètres par an en voiture, je préfère ce moyen de transport. Je suis consultant à la télévision suisse alémanique et romande, ambassadeur de différentes marques de voitures et de lunettes, et pour le tourisme aussi. Et puis, je m’occupe souvent des handicapés qui me voient à la télé. Alors, à chaque fois qu’il y a un anniversaire à fêter, un bon moment à partager, ils m’envoient un petit mot et je réponds présent. Cela fait maintenant 20 ans que je coache une équipe de footballeurs handicapés et j’étais récemment dans le jury d’une émission en faveur de l’association « Pense à moi » qui fêtait ses 50 ans. Voilà ma vie, en Suisse ou en Allemagne, ou je donne toujours des interviews. J’ai été le premier footballeur français à jouer en Allemagne, et ils ne l’oublient pas.
Et en France ?
Je me suis toujours senti plus à l’aise dans ces pays-là qu’en France, je ne parle pas de l’Alsace. Je ne suis pas allé à la coupe du monde en 1966 parce que j’avais les cheveux trop longs, alors, comment voulez-vous qu’il y ait de l’amour entre la France et moi ? Un journal suisse a écrit qu’entre la France et moi, il y a plus de haine que d’amour, c’est une expression qui passe mieux en allemand qu’en français, c’est un peu dur, je n’irais pas jusqu’à la haine. C’est aussi pour toutes ces raisons que je vis beaucoup plus souvent en Suisse, mais je reviens toujours en Alsace, la famille et les amis sont ici, ce sont mes racines quand même.
Vous souffrez d’un manque de reconnaissance en Alsace ?
Non, non, pas du tout. Pas avec le public, avec les « élites » oui. J’ai toujours eu des problèmes avec l’élite, jamais avec le public. Quand je rencontre les gens, je me rends compte qu’ils n’ont pas oublié que nous avons écrit la plus belle page du football alsacien.