Duchesse, comtesse, Ah mon dieu, Schokolade Birne, Bon chrétien… Mais de quoi parle-t-on ? De poires pardi ! « La variété poire Curé a plus de quarante noms différents », s’amuse Doris Siegel qui en connaît un rayon. Dans le verger du curé Winninger, justement, ce sont plus de 300 poiriers qui cohabitent, pour 150 à 180 variétés différentes. « En 1990, le curé a fait ses premières plantations. Il se disait paysan, mais a aussi écrit de nombreux livres. Il avait donc besoin de se ressourcer dans la nature, dans ses souvenirs d’enfance, lui qui venait du village haut-rhinois de Michelbach. »
Avec jusqu’à 400 poiriers de 250 noms différents, « le pomologue international Etienne Jaeger lui a proposé de signer une convention avec la Fédération des producteurs de fruits du Bas-Rhin en 1999 ». Dès lors, Doris, Etienne et d’autres bénévoles identifient les poiriers : un grand tableau à l’entrée répertorie les rangées de l’époque. L’entretien est alors partagé entre « la commune, la commission pomologique pour le suivi technique, et l’association des Amis du verger Winninger pour l’entretien sur le rang, le ramassage du bois de taille et l’arrosage en été ». Les enfants des écoles sont régulièrement associés aux nouvelles plantations, ils ont par ailleurs développé un « coin jardin, un composteur et un espace non-fumeurs devant le verger inauguré l’année dernière », décrit la maire, Monique Meyer.

Des variétés faciles, d’autres rares
Globalement, Doris Siegel estime que « les poires classiques poussent bien chez nous, comice, williams, doyenné, sans difficulté », mais que « le nombre de vergers baisse, à la faveur de lotissements ou de surfaces agricoles ». Alors qu’elle montre les fleurs roses de la poire sanguine, « assez rares », l’aventure de la poire impériale à feuille de chêne lui revient : « C’était une variété perdue pour les Allemands qui la cherchaient depuis 25 ans ! Grâce à un greffon d’ici, ils ont pu la réintroduire en Allemagne ». Le rôle de conservateur des espèces est ainsi bien tenu par le verger du curé Winninger, mort en 2016 à 97 ans.
Renseignements, visites : mairie de Gunstett ou président de l’association par mail à :
denis.tritschler@free.fr
L’info en plus
Depuis 1982, le village voisin de Frœschwiller possède, lui, un verger conservatoire de 150 variétés de pommes. À la différence du verger de collection, il faut minimum deux arbres de chaque variété pour parler de verger conservatoire.