Au premier plan, des lycéens font des reels pour leurs réseaux. Au second plan, leurs camarades se font brutaliser ou ridiculiser. Ce qui fait sourire les premiers, révolte les seconds. Le message est clair : « L’indifférent est autant acteur que le harceleur »,
formulent Pablo et Jade. Selon Lisa, « il y a différents types de harcèlement, scolaire, cyber ou revenge porn. Plutôt que montrer encore une jeune fille poussée au suicide, on a choisi de parler de ceux qui voient et ne disent rien ». Dans le cadre de leur bac pro Métiers du commerce et de la vente, les 19 apprentis travaillent sur ce projet de A à Z pendant deux ans, avec leur professeur d’éco-gestion Joffrey Beckert, et l’éducatrice spécialisée Magali de Camaret.
« Il a fallu faire des recherches, écrire les saynètes, tourner, en parler à la presse et animer une soirée », résume Dan, « et bientôt soutenir le projet à l’oral du bac », complète Magali de Camaret. Camille raconte le tournage : « Anthony Roesch est venu de Mulhouse un mercredi de 10h à 17h. Il nous a appris comment rendre les scènes naturelles… Le pauvre Antonio a dû tomber dix fois ! » Vue par plus de 1100 personnes dans 19 pays, la vidéo interpelle. Wendy l’a constaté en allant parler dans les classes : « C’est important pour eux, et pour nous, émotionnellement ». Si certains élèves de TBCO se sont inspirés de leur vécu, tous se disent aujourd’hui plus matures. Antonio se souvient des « insultes du CE2 à la 5e, sur le physique ou les goûts et les couleurs. C’est banal alors que ça ne devrait pas l’être ». Manuel relève que « l’effet de groupe joue dans l’indifférence quand on [lui] a craché dessus ».

Recueillir la parole
D’autres en ont parlé, mais personne n’a réagi. Sensibiliser les élèves c’est une chose, « mais aussi les adultes », appuie Camille. « Notre mot d’ordre, c’est que les profs, CPE, assistants d’éducation, ou les camarades qui s’inquiètent, doivent recueillir la parole, insiste la directrice de l’UFA Janine Hœrdt. Une victime non entendue devient un jeune hyper fragile. » Elle avoue que « La force des réseaux sociaux nous dépasse, souvent les jeunes ont de mal à prendre conscience. Pour eux, partager une photo à seulement deux personnes, c’est une petite blague qui n’affecte pas ». Des interventions sont programmées chaque année, et notamment lors de la Journée nationale contre le harcèlement en novembre. Pour autant, « le nombre de cas augmente ». Complice, passif, inerte, aveugle, voyeur… autant de termes repris dans la vidéo, auxquels il faut mettre un terme.
Pour voir la vidéo www.lycee-ufa-andresiegfried.fr/actualites