Haguenau – Jordane Kehlhoffner, dermographe, met du pigment dans la vie

Rattachée aux soins esthétiques, voire aux tatouages, la dermopraxie a pourtant un rôle essentiel dans l’estime de soi : redessiner des sourcils après une maladie est l’une des missions de Jordane Kehlhoffner, dans son cabinet Dermo Esthétic, rue des Lapins à Haguenau.

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Pigmenter les sourcils met en valeur un visage. / ©DR

Elle a commencé toute jeune, à 19 ans, en ouvrant un institut de beauté à Schleithal, avant de se spécialiser en 2013 dans le maquillage permanent. « J’ai choisi mon métier en 3e, détaille Jordane Kehlhoffner, 31 ans. Maintenant je suis dans le jury pour les élèves du lycée Siegfried ! Mes parents étaient dans la coiffure, et moi j’ai fait de la dermo-pigmentation ma passion.» Les nouvelles méthodes aidant, « le poil à poil, les dermographes manuels ou digitaux, les pigments sans métaux etc. », elle crée même le concept de dermopraxie pour se différencier des instituts de beauté généralistes.

Avant, pendant et après la chimiothérapie

Dès lors, trois types de clients franchissent la porte de ses cabinets (à Haguenau, mais aussi Strasbourg, Nice et Monaco) : « Celles qui ont des problèmes de sourcils à cause d’une épilation ou de maquillage tatoué comme un trait ; les jeunes filles qui veulent un sourcil parfait ; et les femmes atteintes d’un cancer ». Jordane collabore alors avec les associations La fabrique en rose et Cœur des sables qui prennent en charge une partie des frais, « avant, pendant et après la chimiothérapie, pour qu’elles ne se rendent pas compte qu’elles perdent leurs poils. C’est une pigmentation correctrice, et surtout, un besoin réel : ces femmes n’ont pas choisi et n’ont pas forcément le budget ».

Après un entretien avec la cliente, « pour comprendre et rassurer », Jordane va prendre des mesures, adapter la forme et la couleur, et utiliser des outils qu’elle a elle-même développés. « C’est très précis, car hyperréaliste. Visuellement, c’est un trompe-l’œil parfait, et même si c’est plat, les gens ne s’en rendent pas compte. » Elle se souvient de cette petite fille qui avait perdu ses cheveux et ses poils après une maladie, et qui voulait
« avoir de beaux sourcils pour sa rentrée au collège ».

Si Jordane a mis les larmes aux yeux à sa maman, elle a rendu le sourire à la collégienne ! « On n’est pas loin du médical, note-t-elle, entre les règles d’hygiène et les matériaux spécifiques ». Sans compter l’aspect psychologique.

L’info en plus

Jordane veut faire reconnaître son métier par un diplôme à part entière, elle a aussi ouvert une école de formation. Récompensée par le Trophée Permanent make-up Gold à Marseille fin 2022 avec sa collègue Julie Kuster, de l’institut Esthétik’ à Haguenau, elle ne s’arrête pas là : son conjoint est devenu son associé, et ensemble ils vont inaugurer un espace de coworking à Strasbourg.