Haguenau, le vélo dans le bon sens

La queue devant les magasins de vélo est un indicateur qui ne trompe pas, les Alsaciens ont largement profité du coup de pouce du gouvernement pour remettre leur bicyclette sur roues. Pas seulement pour gagner un peu d’argent, mais aussi parce que, plus que jamais, la petite reine fait pédaler la région. Parallèlement, la ville de Haguenau développe tous les types de mobilités alternatives à la voiture individuelle notamment, sur son territoire et sur celui de la communauté d’agglomération, en faisant la promotion du transport collectif, du co-voiturage, de l’autopartage, et bien entendu du vélo, car ici la politique cyclable est très soutenue depuis longtemps.

0
2634
©Ville Haguenau

Pour la nouvelle ajointe Marie-Odile Becker, la ville doit s’adapter au vélo. « On voit bien que c’est le sens du vent. Je suis ravie de prendre ce train en marche et de l’amener plus loin », se réjouit Madame vélo. « Notre équipe a mis en place des contresens dans des endroits sensibles ; il faut arriver à équilibrer la place de la voiture et celle du vélo. En ce qui concerne les pistes cyclables, on peut toujours faire mieux », affirme l’adjointe en charge de la ville durable. Et pour elle, « le durable, c’est l’harmonie entre l’environnement l’humain et l’économie ». C’est pourquoi un travail avec les entreprises du domaine du vélo a commencé. 

Certaines ont participé à la journée vélo en juin : « Elle avait l’objectif de présenter les différentes actions menées par la Ville, l’installation d’arceaux vélo supplémentaires ou de cinq abris sécurisés et gratuits, l’expérimentation de deux aménagements cyclables, les démarches de marquage vélo, l’opération « Coup de pouce vélo », le Comité Vélo et le dispositif de prime du PETR Alsace du Nord pour l’achat d’un vélo à assistance électrique ». Ce jour-là, le maire Claude Sturni a rappelé qu’aujourd’hui, faire une ville pour le vélo, cela s’impose. « Mais il faut une part d’humilité et une part de motivation profonde. Humilité parce qu’on ne transforme pas une ville en trois ou six ans, mais sur la durée. Je revendique une grande motivation sur la durée. Notre ambition ne date pas du 15 mars, nous la portons depuis de longues années. Le comité vélo a été créé en 2011. Haguenau offre déjà une quarantaine de kilomètres de pistes cyclables, on ne part pas de
zéro »
. Ces 40 kilomètres placent Haguenau en bonne position dans le classement virtuel des villes vélo, mais sur les territoires ruraux, même s’il existe des liaisons Haguenau/Val-de-Moder, Haguenau/Brumath, Haguenau/Bischwiller ou un projet de piste cyclable aboutira d’ici deux ans, ailleurs pas grand-chose.

C’est évidemment plus compliqué sur les départementales, les investissements sont importants, mais dans les années à venir, le réseau cyclable sera plus ambitieux en ville comme à la campagne. Les générations qui utilisent de plus en plus leurs deux roues pourront le faire dans de meilleures conditions. C’est au programme.  

 


5 questions à Julien Moutier

« Nous n’avons pas attendu la crise sanitaire pour travailler sur le sujet »

Julien Moutier, Directeur des Mobilités, de la Voirie et des Réseaux de la ville de Haguenau.

Quels sont les principaux points de développement pour le vélo à Haguenau et dans l’agglomération ?

Développer les infrastructures et les aménagements sont des points importants, mais il y a aussi le jalonnement des itinéraires pour guider les usagers, la sécurité, le stationnement. Beaucoup de choses existent, nous travaillons sur les services de location, et après c’est la promotion avec des actions que nous organisons comme la journée du vélo. Donc, c’est vraiment un tout. Depuis la fin du confinement, on constate une appétence des usagers, un peu plus réticents sur les transports en commun, ils se tournent vers le vélo.

Vous avez évoqué la sécurité, comment rendre la route à vélo plus sûre ?

Aujourd’hui le souhait des usagers est de déconnecter la voiture du vélo. Le rêve serait d’avoir des pistes cyclables en site propre partout, c’est-à-dire des emplacements dédiés au vélo, mais en ville on ne pourra pas pousser les bâtiments ou agrandir les chaussées, nous sommes dans un milieu contraint. Le souhait de la collectivité est de faire en sorte que le vélo trouve son espace dans tous les aménagements. 

Mais ce n’est pas toujours possible…

Là où ce n’est pas possible, on essaye de partager la route et on limite la circulation à 30 kilomètres-heure, à cette allure un véhicule motorisé peut partager la circulation en toute sécurité avec un vélo. Quand on peut on protège, quand on peut moins on essaye de limiter la vitesse.

Et pour lutter contre les vols de vélos ? 

Nous incitons les usagers à marquer leur vélo. Cela permet de retrouver son vélo en cas de vol. Nous avons une flopée de vélos que les Policiers municipaux ont récupérés au fil du temps, ils ne sont pas marqués et dorment dans la cave de l’Hôtel-de-Ville, car nous ne sommes pas en capacité de les restituer à leurs propriétaires. Il est prévu de les recycler et de travailler avec des associations et des entreprises pour leur donner une nouvelle vie.

Le vélo, même si ce n’est pas nouveau pour la municipalité, est une priorité ?

Tout à fait. C’était l’un des éléments de la campagne électorale de Claude Sturni avant la crise sanitaire, les nouvelles mobilités, le vélo et tout ce qui touche à l’environnement de manière générale, c’est une priorité pour le mandat qui vient de se lancer avec un plan intercommunal qui verra le jour d’ici la fin de l’année, mais effectivement, nous n’avons pas attendu la crise sanitaire pour travailler sur le sujet.   


LE CHIFFRE
800 000

En 2010 en France, il se vendait 10 000 vélos électriques par an. Cette année, le chiffre passera à 800 000.

Philippe Dardel dirige Presta-batterie et Moteur et Vélo.

Le vélo électrique en plein boom

Basé à Haguenau, l’entrepreneur Philippe Dardel est heureux. Depuis le déconfinement, ses deux entreprises marchent fort. Presta-batterie, qui existe depuis 6 ans et qui fait surtout du reconditionnement de batterie de vélo électrique, et Moteur et Vélo, une start-up qui fête ses dix ans et qui convertit les vélos mécaniques en vélos électriques. Elle se développe à vitesse grand V. 98 % des vélos sont adaptables. La société installe un kit, avec une roue motorisée et une batterie, et votre bicyclette devient un vélo électrique pour
700 euros environ. C’est beaucoup moins cher qu’un vélo électrique neuf.