Dans son carcan de ferraille, l’édifice religieux du 12e siècle de la rue des Johannites se refait une beauté. Si la mise aux normes, notamment les dispositifs de sécurité incendie, l’électricité, le paratonnerre — « l’effet Notre-Dame », sourit Louise Delpech, architecte au cabinet Oziol-Michelli— fait partie du programme de rénovation, ce sont surtout les dégâts liés au temps qui sont réparés. D’abord le clocher, la sacristie, le transept et le chœur, puis en 2025 la nef, les bas-côtés et les chapelles. Un chantier à 1340000€, co-financé par la DRAC, la Région et la CeA pour « protéger et conserver le patrimoine historique de la ville ».
La trace historique allemande
Il est 16h, le son du carillon se fond avec les bruits de marteau sur les ardoises. Pierre-Henri Tessier, le couvreur, est en train de retailler une tuile pour les raccords. Arrondie et posée de biais, c’est « la trace historique allemande qui s’appelle la pose Schuppen ». Avec trois palettes de 1200 ardoises, les cinq couvreurs s’occupent des 85 m² du transept avant d’attaquer la nef. Ici l’ardoise provient de Katzenberg, en Allemagne, tandis que plus bas, ce sont « des tuiles à l’ancienne, qu’il faudra récupérer à droite à gauche », selon Arnaud Steinmetz, le chef du service construction de la Ville.
À l’étage du dessous, Marc, chef de chantier, montre comment « cet ouvrage est caractéristique des techniques de l’époque ». Avec une truelle et de l’enduit, il répare un angle rongé par les intempéries ; lui et son équipe de tailleurs de pierres et maçons de l’entreprise Rauscher s’occupent du ravalement de la façade. Et lorsque celle-ci sera prête au niveau des pinacles —ces socles saillants au-dessus des gargouilles du chevet (la façade extérieure du chœur) — les cinq statues retirées en 1913 retrouveront leur place.
Des statues de 1260-1280
Un ecclésiastique, un chevalier, deux apôtres et une petite fille sont entre les mains d’Antoine Arnaud, sculpteur spécialisé de Strasbourg. « Rien n’est laissé au hasard, glisse-t-il. Je me suis renseigné sur ce qu’il y avait autour, sur les statues restantes, et inspiré du portail de la cathédrale ou de Wissembourg pour imaginer les drapés ou les mains qui manquent ».
Datées de 1260-1280, les statues originales patientaient au musée Historique. Une fois restaurées, elles prendront place dans la chapelle des Fiancés pour pouvoir être admirées des visiteurs. Leurs copies, sculptées dans des blocs de grès de 650kg issu de Niderviller et légèrement plus jaune que le grès d’origine de Bitburg en Allemagne, seront replacées sur les pinacles pour redonner à l’église Saint-Georges « son image d’il y a cent ans ».
L’info en plus
Une des plus vieilles cloches d’Europe côtoie l’une des plus récentes à l’église Saint-Georges. Datée de 1268, la grosse cloche a survécu aux guerres et à la fonte en canon, tandis que la petite date de 2018. Elle a été baptisée cloche de la Liberté pour marquer les 100 ans de l’armistice de 14-18.