C’est une jeune fille de son temps, cheveux sur les épaules, sourire doux et regard bleu, que le hasard et peut-être l’intuition ont dirigé vers le lancer de javelot. Elle qui avait commencé par la gym, a suivi sa grande sœur sur les pistes d’athlétisme du FCJAB de Bischwiller. À 10 ans, elle a été « initiée à toutes les épreuves, mais faisai[t] beaucoup de sprint et de longueur », raconte-t-elle. Léana dit qu’elle a été « obligée » de faire un triathlon, c’est-à-dire un saut, un sprint et un lancer.
« J’ai lancé le poids et c’était une catastrophe, alors j’ai essayé le disque. Un jour, à l’UNSS au collège, il n’y avait pas de disque, c’est là que j’ai pris mon premier javelot ». Au FCJAB, Richard puis Robert la prennent sous leur aile, mais pour s’entraîner au javelot, Léana fait des lancers seule en fin de séance.
À l’entrée au lycée, la jeune athlète réussit « les minima pour accéder au CREPS de Strasbourg, mais j’étais aussi prise en saut en longueur », glisse-t-elle. Elle décroche d’emblée la médaille d’or française en hiver 2023, avec un jet à 51m09.
Si côté internat et lycée Louis Pasteur tout se passe bien, les galères physiques débarquent : Léana se blesse au genou à trottinette, rate sa saison 2024, avant de redresser la barre en catégorie junior cette année. « Je suis passée à un javelot de 600g au lieu de 500, il n’a pas le même centre d’équilibre et réagit bien mieux à la vitesse qu’on lui donne », détaille la pro. Résultat : elle arrive première avec 51m61 aux championnats de France hiver, et bat son record à sa deuxième compétition : 52m96 à Offenbourg !
En école d’ingénieurs
« Confiante », elle est sélectionnée pour la Coupe d’Europe des lancers à Chypre en mars, avec l’équipe de France U23. Accompagnée des athlètes stars des JO 2024, la jeune fille « découvre le sport vu par des adultes. C’est impressionnant et ça m’a fait un peu rêver… » Évidemment, elle n’en a pas oublié les révisions pour le bac qu’elle a obtenu avec mention Bien.
En septembre, direction une école d’ingénieurs et le centre d’entraînement de Montpellier : « Priorité aux études, on ne vit pas d’une carrière de lanceur. J’aime bien l’aéronautique, mes parents sont ingénieurs, comme mon frère et ma sœur, alors c’est venu naturellement ». Mais avant la rentrée, Léana vise loin avec les Championnats de France Avenir à Saint-Étienne du 18 au 20 juillet.