lundi 21 juillet 2025
AccueilÀ la uneJean Barbery - Les Éditions Saint-Brice, l’Alsace se livre

Jean Barbery – Les Éditions Saint-Brice, l’Alsace se livre

Situé dans le Sundgau, le siège des Éditions Saint-Brice est directement lié au parcours professionnel de son fondateur, Jean Barbery. Originaire de la Marne, il a grandi en région parisienne avant de faire ses études vétérinaires à Toulouse. Après un remplacement à Strasbourg, il s’est installé à Illfurth avec sa femme, et a pu assouvir sa passion de la photographie nature : pour lui, l’Alsace, dans les années 80, c’était le paradis des naturalistes ! Après plusieurs albums photos publiés et une déception éditoriale, il a décidé qu’il serait mieux servi par lui-même : le couple fonde les Éditions Saint-Brice en 2005. Depuis vingt ans, des guides de randonnées spécialisées, des beaux livres sur la nature et des polars, tous liés à l’Alsace, ont vu le jour.

Vous êtes vétérinaire de profession, quel est votre parcours jusqu’à devenir éditeur ?

Je ne suis pas originaire d’Alsace, mais à peine arrivé j’ai rejoint des associations dont une de photographes nature. Très vite, je leur ai dit “avec tout ce que vous avez comme photos, on pourrait faire un livre sur la nature en Alsace”. Les sentiers secrets d’Alsace et des Vosges (Éditions du Rhin) a été le premier livre, j’ai fait les textes avec un ami. Ensuite j’ai proposé quelque chose qui me tenait à cœur : un livre sur l’écologie des forêts, comment elles fonctionnent. Un sacré défi, mais je pense que je m’en suis bien tiré, c’était dans les années 90. Là-dessus j’ai été contacté par un éditeur franc-comtois qui faisait une collection sur la faune… Et j’ai fait Faune de l’Est. Quand cet éditeur a pris sa retraite, il m’a demandé si je voulais prendre sa suite, c’est dire s’il avait compris que pour moi le livre était important !

Puis en 2005, avec ma femme, on a décidé d’ouvrir notre propre maison d’édition. J’ai mis le pied dans le livre naturellement, petit à petit, mais j’avais quand même une clientèle au cabinet à tenir…

Votre femme est co-fondatrice, quel est son métier ?

Sylvie a été employée dans une boutique équivalente à France loisirs en Suisse, et maintenant elle travaille dans un labo photo près de Fribourg. Elle sera à la retraite dans un mois, moi depuis trois ans. Ce qui est extraordinaire, c’est que tous les deux, on a toujours été entre le livre et la photo (rires) ! On délègue pas mal, pour l’imprimerie, la distribution/diffusion. Nous nous occupons surtout de trouver les auteurs, les rencontrer et juger ce qu’ils font, et puis, prendre le risque de les publier.

Le fondateur Jean Barbery écrit aussi des polars. / ©Dr
Et d’où vient ce nom, Saint-Brice ?

(Rires) On a longtemps cherché, et puis finalement on habitait rue Saint-Brice. C’est quand même une figure importante du Sundgau, il a plusieurs chapelles… Finalement on a trouvé un nom qui colle avec le coin. Le petit gag, c’est qu’au début, les livres étaient imprimés par l’imprimerie Saint-Paul en Lorraine, et tout le monde était persuadé qu’on faisait des livres religieux !

Quel est l’ADN des Éditions Saint-Brice ?

La logique a été de faire des livres nature. J’en ai écrit un sur les amphibiens, quelqu’un a fait le cerf des Vosges, un autre le lynx. On a édité aussi un beau livre sur la nature en Alsace en général, mais on a aussi vu les limites : les deux départements, c’est petit. Malgré la sensibilité des gens, les livres nature n’étaient pas un marché suffisant. Donc on a dérapé fort logiquement sur les balades, et rencontré deux-trois personnes avec l’idée de faire des randonnées intelligentes, comme Les randonnées botaniques dans les Vosges, en reprenant les sentiers du Club vosgien, mais en expliquant pourquoi telle espèce est là. Puis des randonnées et adresses gourmandes en Forêt noire, sachant que tous les Haut-Rhinois traversent la frontière. Il y a eu Guy Trendel aussi, historien, et maintenant des Promenades historiques dans le Sundgau, et enfin, des randonnées à vélo sur l’Alsace.

Les guides de randonnées, par des auteurs chevronnés dans leur domaine. / ©Dr
Quand les polars sont-ils arrivés dans vos collections ?

Il y a six ans. Ma femme et moi lisons beaucoup, et regardons les séries télé aussi. J’ai bien vu que nos concurrents avaient des collections de polars qui marchaient bien. J’ai rencontré des auteurs au salon de Saint-Louis, dont Michel Turk qui vient de Savoie, mais est originaire d’ici, et Virginie Striebel, dont la famille est de Sélestat. Alors ça marche assez bien, mais on a une marge faible par rapport à des albums ou des guides.

Vous-même, vous écrivez ?

À force de recevoir des manuscrits—et mon éditeur me disait que j’avais un style agréable—je m’y suis mis. J’ai demandé un coup de main à des auteurs. C’est très local, avec des enquêteurs à Saint-Louis, le troisième va sortir. Un autre domaine qui m’intéresse, c’est le fantastique, les heroic fantasy. L’auteur Ludovic Morandi est venu nous voir, on a édité son deuxième tome L’ombre des remords et réédité le premier L’ombre de la bête. Il se fait un nom sur les réseaux sociaux et est très dynamique sur les dédicaces. On avait imprimé 500 exemplaires en automne, et on vient de réimprimer 500 du premier, c’est assez exceptionnel pour nous. Les polars, on va passer à 600, mais en général, on ne réimprime pas. Donc la motivation de la collection fantastique, c’est de trouver un lectorat plus jeune…

Les livres nature, l’origine des Éditions Saint-Brice. / ©Dr
Vous êtes sûrement en concurrence avec le numérique, notamment pour les randonnées ?

Effectivement, des circuits de randonnées on en trouve partout, mais ils ne sont pas commentés comme nous ! On fait très attention aux auteurs, et il y a en général quinze randonnées par guide. Les auteurs sont très intéressants, et dans le Sundgau par exemple, Marc Glotz s’arrête presque à chaque maison et en explique l’histoire, les légendes, sur 8 km. Les gens vont trouver beaucoup de choses dans les guides, il n’y a pas d’équivalent sur internet.

Quels seront les prochains livres édités ?

On est en train de préparer Papillons d’Alsace et Oiseaux d’Alsace, des livres grand public, pour que les gens puissent les nommer. Un autre en projet sur les plantes, mais ça ne peut venir qu’après les polars de cette année. Nous serons à la rentrée à la Foire européenne, puis au salon de Wesserling. Nous réfléchissons à marquer nos 20 ans au Salon du livre d’Illfurth, en rassemblant les auteurs pour les récompenser de leur fidélité aux Éditions Saint-Brice.

ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -

Articles populaires

- Publicité -
X