Jean David Henninger, La Marge essentielle

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Jean David Henninger

Né en Normandie en 1987, il s’installe en famille à Haguenau, y fréquente le collège puis le lycée, avant une formation de commercial en librairie à Reims. Il commence à travailler à la Libraire Kléber de Strasbourg, puis dans les Fnac de Colmar et Genève, et enfin, de retour en Alsace, à la librairie Vincenti pendant 6 ans. Amoureux de son métier, il y a presque un an, il ouvre La Marge, 4 cour de l’Oie, une impasse pavée à Haguenau qui accueille une certaine façon de voir le monde… des livres. 

 Après avoir connu Genève, Reims ou Strasbourg, vous n’avez pas pu faire autrement que de revenir à Haguenau ? 

Quand j’étais jeune, je voulais m’échapper, mais j’ai vu Haguenau s’améliorer. Depuis une dizaine d’années, la population a changé, elle s’est rajeunie, elle s’est développée, les commerçants ont changé aussi, c’est devenu une ville vraiment agréable. C’est pour cela que je me suis dit qu’il y avait la place pour une librairie comme je l’entendais. L’inégalité géographique m’embête toujours. Strasbourg a un choix énorme en termes de librairies alors que ce n’est pas le cas dans les agglomérations moyennes aux alentours. C’est pour cela que des Espaces Culturels Leclerc ou Cultura s’installent dans des endroits où il n’y a pas beaucoup de librairies indépendantes, mais cela signifie aussi que le travail n’est pas le même. Cela me paraît important d’amener de la culture là où elle n’est pas beaucoup. J’ai de la BD, un espace jeunesse qui sort un peu du lot, un rayon littérature… J’aime l’idée que les gens soient proches des livres. Le libraire est là pour que se fasse la rencontre. 

C’est courageux, il y a déjà deux librairies à Haguenau !

J’ai travaillé à la librairie Vincenti, la librairie historique de la ville, mais j’aime faire venir des auteurs et il n’y avait pas assez de place. C’est l’une de mes motivations. Je voulais vendre de l’occasion aussi. Du coup, à La Marge, j’ai trois quarts du stock en neuf et un quart en occasion, ça marche bien, cela me permet de montrer des ouvrages qui n’existent plus, c’est une autre façon de travailler, une nouvelle façon de travailler. Les gens se fichent de savoir si le livre est neuf, cela se fait beaucoup sur internet.

Vous avez monté un partenariat avec la librairie
À livre ouvert de Wissembourg, pourquoi ?

Nous partageons les auteurs. Par exemple le 6 octobre, pour la Nuit de la culture, je travaille plutôt bien avec le Relais Culturel, une compagnie investira la librairie pour son spectacle « le cabinet de massage sonore » l’après-midi et le matin je reçois Frédéric Couderc à 10h, l’auteur passera aussi par Wissembourg. J’essaye de créer de nouvelles habitudes avec les Haguenoviens, de leur montrer des choses intéressantes sans donner l’image d’une librairie élitiste, ce n’est pas ma façon de voir le boulot.

Vous avez lancé l’aventure il y a un an, et tout va bien ?

Oui, le chiffre d’affaires est au-dessus de ce que j’avais prévu, j’ai pu faire beaucoup d’animation, les gens ont l’air fidèles et contents. Tout va bien. Le choix d’ouvrir du mardi au samedi de 9h30 à 18h30 en non-stop était important, rester présent entre midi et 2 permet un accès au livre plus facile. Je suis seul, l’amplitude horaire est importante, je travaille beaucoup forcément, mais, au dehors de la librairie, je me débrouille pour sauver le moindre moment pour la lecture.