Jérôme Sillon, suivre sa voie

Il aime le foot, la gastronomie et le vin, pas étonnant que le journaliste garde un joli souvenir de ses années passées en Alsace. Avant de devenir l’une des grandes voix du sport en France, il a travaillé pour RMC et 20 minutes à Strasbourg et fut un temps chroniqueur sur feu TéléAlsace. Originaire des Deux-Sèvres et parrain du FC Boutonnais (club amateur de sa région d’enfance), supporter des Chamois niortais, le quarantenaire prépare une nouvelle saison en Ligue des Champions, sa 7e saison de télé pour RMC Sport.

0
818
Jérôme Sillon ©Eric Genetet

Racontez-nous comment, avant de vous installer définitivement à Paris, vous êtes arrivé en Alsace.

Je fais mes études de journalisme à Tours en 2000, et en 2003 mon premier contrat d’été à RMC. Je commente mes premiers matchs de football à la radio, mais à la rentrée, il ne se passe pas grand-chose, je fais des piges pour France Bleu à Poitiers et à La Rochelle, et puis au mois de décembre, RMC me rappelle et me propose le poste de correspondant à Strasbourg. J’y avais mis une seule fois les pieds dans ma vie, c’était lors d’un voyage scolaire, on était allé au camp de concentration de Dachau, puis au Parlement européen et à la brasserie Kronenbourg. Je ne sais pas trop ce que l’avenir me réserve, mais la perspective de commenter des matchs tous les week-ends m’enchante. C’est le métier que j’ai toujours voulu faire. Alors, avec ma compagne de l’époque, on décide de tout quitter et l’on prend un appartement dans le quartier de la Krutenau. C’était en décembre 2003, sous la neige. Je débarque, et je commente mes premiers matchs en janvier 2004 avec un contrat pour 16 heures par mois, en gros 700 €, c’est tout ce que j’avais.

Mais vous avez rapidement fait autre chose que les commentaires sportifs ?

Oui, car en 2004, je couvre les profanations de cimetières israélites, et l’un des plus gros faits divers de ces vingt dernières années, l’affaire Pierrot le fou avec le meurtre de trois jeunes femmes. Je travaille pendant un mois pour RMC sur ce fait divers sordide, c’est une porte d’entrée, je deviens le remplaçant du correspondant du Parisien et du correspondant de l’agence Reuters. Et puis, je me régale, car je commente les matchs du Racing avec la belle génération des Niang, Pagis ou Martins, mais je vais aussi à Sochaux, à Metz et à Nancy, les quatre clubs étaient en Ligue 1. Je commente les rencontres de basket de la SIG qui devient championne de France en 2005 et joue l’Euroligue. Ensuite, le journal 20 minutes s’implante à Strasbourg, et je suis engagé pour la page sport. Enfin, je participe à l’aventure TéléAlsace. Le fait d’être basé à Strasbourg m’a aussi ouvert les portes des stades allemands et suisses, car à cette époque-là en coupe d’Europe, les clubs français étaient tombés sur Bâle, Dortmund ou Schalke. J’ai aussi traité le retour de Zidane en équipe de France en 2005, c’était lors d’un stage en Autriche et j’étais le plus proche géographiquement. Lorsque RMC m’a proposé ce reportage, je me suis dit que si je n’étais pas trop mauvais, j’allais peut-être commenter la Coupe du monde 2006 en Allemagne et l’Euro 2008 en Suisse et en Autriche, et c’est ce qui s’est passé.

Mais, à la fin de la saison 2007/2008, Strasbourg redescend en ligue 2.

Oui et dans le même temps, je suis recruté à Paris. Je quitte l’Alsace et je me retrouve au Parc des Princes ou au stade Vélodrome. C’était très formateur, je suis passé de quelques matchs commentés en intégralité, à des soirées entières sur l’antenne de RMC. Et puis, j’ai animé Louis attaque, Larqué foot, des duplex sur BFM TV qui fait partie du même groupe. En 2011, je suis chargé du suivi de l’équipe de France, je commente à l’Euro 2012 en Ukraine et en Pologne, la Coupe du monde 2014 au Brésil, c’est un rêve de gosse qui se réalise une coupe du monde au Brésil, c’est une seule fois dans une vie. En 2016, le groupe achète Ma Chaîne sport qui venait d’acquérir les droits pour le foot anglais, pour moi qui ai toujours rêvé de commenter les matchs à la télé, c’était inespéré. Voilà comment, depuis 2016, je commente le football à la télé, je m’éclate avec Éric Di Meco, Jérôme Rothen, ou Emmanuel Petit.

Le journaliste de RMC Sport prépare minutieusement chaque rencontre qu’il commente. / ©EG

Vous disiez que c’était un rêve de môme !

Oui, je suis un privilégié de fou. Je vis mon rêve au quotidien, je pense que c’est un luxe aujourd’hui, il y a tellement de gens qui ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent faire, qui sont fatigués en arrivant au bureau le matin, moi j’ai la chance de travailler « avec la banane ». Et quand je dis « bureau », pour moi c’est aller au stade, les plus grands stades des plus grands clubs d’Europe. Je commente trois ou quatre rencontres par semaine.

C’est beaucoup de travail ?

Il me faut une bonne demi-journée pour préparer un match, je lis les revues de presse, je suis les comptes Twitter des clubs et des supporters, je prépare la composition des équipes, je compile des anecdotes, et des statistiques sur chaque joueur.

Pour finir, un mot sur vos souvenirs alsaciens !

J’ai adoré cette région. Moi qui suis un grand fan de gastronomie, un épicurien, je me suis régalé pendant 4 ans. J’aime les régions avec une forte identité. Quand tu arrives en Alsace, tu sais que tu es en Alsace, tu sais que les gens sont fiers de leur région. J’ai trouvé les Alsaciens accueillants et sympathiques. Quand je sais que des amis viennent dans la région, je leur conseille des endroits où aller, où manger les meilleurs flammekueche.

Êtes-vous supporter du Racing ?

Par la force des choses, lorsque l’on commente un club toutes les semaines, on devient aussi son premier supporter. Parce que l’on a envie de vivre de belles émotions, de grands matchs. J’ai eu la chance de commenter la victoire du Racing en Coupe de la ligue 2005 avec le but de Jean-Christophe Devaux, fatalement je suis devenu supporter et je regarde toujours les résultats du club. Avec un peu moins de pincement au cœur que pour les Chamois niortais, car c’est le club avec lequel j’ai grandi et le stade dans lequel mon père m’emmenait quand j’étais gosse, mais Niort en Ligue 2 et Strasbourg en Ligue 1, ce sont les résultats que je regarde toujours en premier. Je suis très déçu, car j’aurais pu commenter Strasbourg en coupe d’Europe, mais après sa belle saison dernière, Strasbourg est en train de redevenir une place forte du football français. J’espère commenter très bientôt un match du Racing sur RMC Sport.