Ca te dit d’y aller ? Allez, viens, je t’emmène !
Un petit résumé en trois points… pour vous donner l’envie de cheminer dans mes pas ! N’oubliez pas vos chaussures de rando !
– Petit 1 : nous allons explorer à la loupe, une colline calcaire royale, chapeautée d’une calotte de pins noirs d’Autriche.
– Petit 2 : on traverse le vignoble au pas d’course, on emprunte une vieille voie de chemin de fer !
– Petit 3 : à quelques pas de là, je connais une Goldichi pâtisserie au nom étrange « un cœur intelligent », ça on le vérifiera ! Y a du boulot !
Voilou notre balade en couleur de ce Moondàà Morje Komm, Komm, Maxi-Läser’s…
Grimper là-haut sur la colline, évidemment, j’en suis très heureux ! J’emprunte d’un pas nonchalant un chemin viticole jalonné de grosses mottes de terre, une terre qui pleure de froidure, un soleil pâle et doux accompagne ma grimpette jusqu’au sommet du mont Scharrach. Un promontoire emblématique qui émerge du vignoble offre une vue imprenable, une vue panoramique des Vosges jusqu’au Schwarzwald. Dans ce bel écrin arboré de plus de 230 pins sylvestre, je découvre une silhouette à contre-jour, un photographe, clic clac les paysages, je ne peux m’empêcher de lui poser quelques questions.
– Bonjour M’sieur, joli point de vue, vous jouez avec la lumière, vous êtes photographe ?
– Salut, non, non, je suis historien et boulanger dans le bas du village. Tiens, tiens, j’te reconnais, vous êtes… ! Je photographie la petite faune, les passereaux, la flore, les papillons pour illustrer un livre.
– Je peux noter ton nom et ton prénom, te citer dans ma chronique ?
– Waouh avec grand plaisir ! Je m’appelle Florian Mahon, c’est pour quel canard ?
– Le Maxi-Flash !
– Oh ! je suis l’un de vos lecteurs assidus, je cherche le gratuit, à la ferme fruitière chez les Rothgerber.
– Le Scharrach, c’est un endroit pour la rêverie, Florian ?
– Oui, je suis un songif, « songeur et pensif = songif ! » Je m’assoie souvent au pied d’un pin sylvestre, adossé au tronc un peu râpeux, j’observe une mosaïque de paysages abritant une faune et une flore remarquables. Des anémones pulsatiles, des papillons qui font la cour aux orchidées. Cette colline calcaire est un grand trésor, ça vaut vraiment le détour.
-Merci Florian pour ce brin de causette, quel chemin me mène à Soultz-les-Bains ?
– Ben, tu vas tout schuss à travers le vignoble, tu sais en ce moment il hiberne ! Ensuite, tu longes une piste cyclable goudronnée, immer in d’Naze nohr ! Gerade uss. Salü Maxi-Wanderer !
Je continue mon escapade
Un doux silence règne dans les vignes en hiver, on perçoit au loin un vol de passereaux, au-dessus des vignes dépouillées. Le merle noir et la mésange charbonnière raffolent des derniers grains de raisin blanchis par le givre. Le vignoble est en dormance, la sève redescend jusque dans les racines pour se protéger du froid glacial. La vigne est en état léthargique, elle sommeille jusqu’à son prochain doux réveil, comme les Teddy-Bär ! Je trottine d’un pas alerte en sautillant comme un kangourou sur les sarments qui recouvrent le sol du vignoble. J’entends un reniflement assez soutenu, c’est un vigneron avec un Grösser- Schnüppe, d’Réébbür qui répare les piquets d’acacias.
-Boujourelle Winbür, alors, la vigne sommeille, mais pas le vigneron ?
– Was, Schloffe ! Nààn, Nààn ! La vigne est une plante de la famille des lianes, elle pousse souvent d’une manière désordonnée, c’est le moment de la taille avec le sécateur manuel, gros boulot du début de l’année dans le vignoble, même par cette froidure.
– Hopla, güete Dàà Winzer !
Au fil de ma balade en couleur
J’aime les rencontres inopinées, j’apprends toujours et encore avec mon métier de journaliste, c’est un livre ouvert où les pages un peu flétries tourbillonnent de jour en jour. Je trempe ma plume dans une encre bleu marine, féerique, qui tournicote dans mon âme et éclabousse mon cœur, cette plume qui aujourd’hui remplace avec un bonheur renouvelé ma caméra et mon micro.
Je marche sur la piste cyclable arborée, qui était une ancienne ligne de chemin de fer de Molsheim à Saverne. Les rails sont recouverts d’un tablier de macadam c’est très théâtral ; les cyclistes cohabitent avec les joggeurs en tenue fluo qui respirent comme une vieille locomotive en expulsant à chaque foulée, un filet d’air chaud, tchu tchu !
J’arrive enfin à ma destination
En 2009, à la place de l’ancienne gare de Soultz-les-Bains, est sorti de terre un immense « légo » cubique avec des portes-fenêtres vitrées. À l’intérieur, tout brille de mille feux, comme dans un conte des mille et une nuits. Sur la façade couleur gris souris, on peut lire la lettre K en gold avec des arabesques d’une élégance raffinée. Le K des Klugesherz, c’est le nom du fondateur de cette fabuleuse histoire, la boulangerie de Soultz-les-Bains qui date de 1788. 7 générations plus tard, un Klugesherz est toujours dans la Bàchstubb. Son prénom : Jean Luc. Avec une armada de boulangers, pâtissiers, chocolatiers, vendeuses, serveuses, et sa tendre famille : son épouse, Véronique, sa fille Elodie et son fils Julien. Jean Luc K. est très fier de travailler en famille comme ses aïeux, il a un énorme respect pour tous ses collaborateurs. Je retrouve Jean Luc K dans son labo vêtu de noir avec un beau sourire heureux.
– Bonjour Zucker-Beck, ça fait 237 ans que vous travaillez en famille les K, c’est quoi la recette de votre réussite fulgurante ?
– Ça fait plaisir de te revoir André Muller. Tu sais, mon père m’a transmis le savoir-faire de nos aïeux, nous aimons notre travail, on le fait avec Amour, c’est ça la clé de notre bonheur professionnel.
– Tu as rajouté des cubes, agrandi tes labos, un somptueux salon de thé avec des dorures, alles Picobello.
– Il nous fallait plus de place, nous étions engoncés dans les différents secteurs de la production jusqu’à la vente, il faut que notre personnel soit heureux au travail. Le salon de thé est beaucoup plus grand avec du mobilier moderne, design.
– Tes pâtisseries sont de plus en plus élégantes, plus fines plus savoureuses et moins sucrées ?
– Je cherche toujours les meilleures farines. J’ai rencontré lors d’un salon un nouveau meunier dans le pays Cathare où les parcelles ne sont pas traitées et ont le Label rouge, je veux plus de saveur et moins de sucre.
– As-tu des projets pour cette nouvelle année, Jean Luc ? (Il esquisse un large sourire, un peu timide).
– Oui, évidemment avec mon fils Julien, ma fille Elodie et son mari Lucas, nous avons de grands projets qui se concrétiseront sous peu, mais je garde le secret pour l’instant.
– Abwààrte, un thé Trïnke, Jean-Luc, je crois connaître tes projets lointains, mais je respecte ton silence. Un grand merci pour ce bel accueil et cette pause douceur chez les K comme Klugesherz, le cœur intelligent.
Soyez sages les Maxi-läser, à bientôt pour d’autres aventures dans un petit recoin de notre paradis alsacien.