Chez moi, derrière la lune, hender’m Mond d’Heim, on aime l’esprit de Noël… Ça se résume souvent à un petit Tànnebaum (sapin) suspendu au plafond dans la Stub (pièce à vivre), en dessous duquel est posée une petite crèche. Un sapin sobre muni de Kerzè (bougies), des vraies, qui, quand on les souffle, donnent de jolies volutes bleues-blanches qui s’étirent en élégantes arabesques…
Et là, schmeckt’s noch Wihnààchte (ça sent Noël) ! Alors oui, ça peut se compliquer si on s’approche un peu trop près : une année, s’Schillé vùn dè Mamama (le gilet de Mémé), une autre, d’Lockè vùm Kleinè (les boucles du petit), ben oui, le feu ça brûle, mais quel charme… Les plus courageux osent allumer des Starnèspretzer (éclabousseurs d’étoiles = cierges magiques). Et en extérieur, niveau déco, nix (rien) ! Pas de maisons qui s’habillent de toutes sortes de décors, cerf lumineux, Père Noël gonflable suspendu àm à Stràng (à une corde), étoiles clignotantes, animations tournoyantes, guirlandes musicales, Schneemann (bonhomme de neige) stroboscopique… Sogàr manchi Thuya (même certains thuyas) se prennent pour des sapins !
Moi, toutes ces Fàrwè (couleurs) pas toujours bien assorties, die Lechter (ces lumières) souvent mal disposées, scintillant de façon désordonnée, ça me donne envie d’enguirlander tout le monde et surtout dè Strohm üsszèstéckè (de couper l’électricité)! Bien sûr, en voiture, mon fiston me hurle «brams» («freine») devant chaque maison sur-décorée, devant chaque mairie-spectacle et il en redemande… Wie Uffellender, wie lewer (plus c’est clinquant, mieux c’est) ! Mais comme le suggère un petit dicton, souvent entendu durant mon enfance «Lewer uffàllè dàss umfàllè, dann wenn m’r umfàllt, fàllt m’r noch mehr uff !» (il vaut mieux se faire remarquer que de s’évanouir, car quand on s’évanouit on se fait encore plus remarquer).
Enfin je comprends à quoi ça sert, cette indécence, ce festival de milliers de mégawatts cramés sans bougies et sans la venue des pompiers plutôt que celle du Père Noël lors du Réveillon ! Ça fait pétiller les yeux des enfants, d’kleinè ùn d’grossè (les petits et les grands), pour qui le bon goût ou l’écologie ne font pas encore sens… Un des esch ken Polemik wart (et ça ne vaut aucune polémique) ! Scheni Fechtlè en Allè (belles fêtes à tous) !
Line