Ambroise, on vous connaît comme reporter à FR3 et chroniqueur dans Maxi Flash, mais quel est votre lien avec Wissembourg ?
Ambroise Perrin : Je suis wissembourgeois pur sucre, mais j’ai grandi à Haguenau, rue des Fourmis, puis j’ai été journaliste à Strasbourg, Paris, New York, avant de travailler au Parlement européen. Aujourd’hui je suis à la retraite, mais je continue à écrire, des articles, des livres, sur Flaubert, j’ai un scénario de film en cours, et je suis passionné par l’image, la photo. Lorsque j’étais adjoint au maire de Wissembourg, avec des amis j’ai créé la maison d’édition Bourg Blanc, comme Weissenburg. Et c’est Il faut marier Maria qui a lancé les éditions en 2010.
Vous l’avez écrit en collaboration avec Irena Tatiboit, une danseuse étoile polonaise, dont les photos du spectacle dédié illustrent le livre. Comment avez-vous procédé ?
Nous avions décidé de faire un livre qui sort des sentiers battus—le spectacle est venu après—car la plupart commencent au mariage, et nous abordons ce qui s’est passé avant. Le destin des princesses a toujours été fascinant, donc avec mon amie Irena nous avons fait une enquête en Pologne, trouvé des manuscrits, vu l’acte de naissance de Maria, cherché les traces de la fuite du roi Stanislas devant les Prussiens avec sa famille vers Wissembourg… Nous avons été étonnés de trouver autant de notes inédites, et je ne suis pas historien, mais ce côté fouilleur représente un travail de cinq ans. Il y a 400 photos dans le livre, ce qui permet d’avoir une approche populaire des événements, de la vie quotidienne, des paysans, artisans, nobles, curés, bandits de la forêt de Haguenau…
Pourquoi ressortir le livre aujourd’hui ?
L’actualité, c’est qu’on va fêter le 300e anniversaire du mariage de Maria le 15 août 1725, à Wissembourg, à Haguenau, à Marienthal, où elle avait prié la vierge Marie et légué
7 kg d’or pour construire l’ostensoir, tellement elle était fidèle. Le livre raconte une histoire d’il y a 300 ans, mais parle d’immigration, un sujet actuel, et plus précisément des gens venus d’ailleurs et qui réussissent admirablement. Elle venait de Pologne, elle a été choisie parmi cent princesses pour devenir reine de France, elle est la grand-mère de Louis XVI, et elle s’appelait Maria.
L’info en plus
Le roi Stanislas avait embauché un jeune pâtissier wissembourgeois, Nicolas Stohrer. Au petit déjeuner, Nicolas trempait des morceaux de kougelhof sec dans du vin de Malaga pour le roi, et a eu l’idée de l’enrichir avec une crème par-dessus. Or le rhum était arrivé avec les colonies, et comme le premier livre qu’il avait lu était Ali Baba et les 40 voleurs, il a appelé ce dessert le Baba au rhum ! Maria a emmené Nicolas Stohrer à Paris, où ses boutiques sont très prisées depuis 1730.