Marina Sakharov, une confiance bien accordée

Née à Strasbourg en 1987 dans une famille de musiciens, elle commence la boxe à 16 ans, en pieds-poings, et, alors étudiante en fac de droit la boxe anglaise à l’âge de 19 ans. À la mort de son papa, elle se lance à corps perdu dans des entraînements intensifs et devient pro. Le 22 décembre dernier, elle perd d’un rien la ceinture EBU (European Boxing Union, la fédération de boxe anglaise professionnelle européenne). Mais la nouvelle vice-championne d’Europe, licenciée aux Gants d’or à Strasbourg, sait déjà qu’un jour, elle sera championne du monde.

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Un mot sur votre dernier combat, au mois de décembre.

Pour la première fois, j’ai disputé un combat en 10 rounds ; normalement, il faut trois ou quatre mois de préparation physique. Je n’ai pas eu ce temps-là, j’ai accepté ce défi pour différentes raisons, mais il m’a manqué un peu de souffle. À la fin de la 9e reprise, l’arbitre a arrêté le combat. J’avais l’habitude de finir en 2 rounds, de gagner par K.O, mais maintenant je sais ce que cela représente et je vais m’entraîner en conséquence. Cette soirée m’a ouvert des portes, j’ai été repérée par un super manager qui m’a proposé de me prendre dans son équipe avec Brahim Asloum. Je suis super contente, mais dorénavant, je serai toujours prête pour des propositions de dernière minute. Je serai prête pour dix rounds. 

Vous avez drôlement confiance en vous ?

Dans ce sport, si l’on n’est pas sûr de soi, c’est compliqué. Si l’on a la trouille, ce n’est pas la peine. Moi, je sais que quand je suis prête, je suis vraiment meilleure que certaines filles championnes du monde. Donc, je sais que je le serai. Il faut juste que j’aie ma chance et que le moment arrive, mais je suis sûre à 100% de ce que je vais faire. 

Elle vient d’où, cette confiance ? 

Quand j’ai commencé la boxe, à l’entraînement, j’ai été opposée à des filles très fortes. Quand on me disait que la fille avait été championne du monde, je n’en revenais pas parce que je lui avais ouvert le nez… Au début, on m’a volé beaucoup de combats alors que je leur avais cassé la «gueule» juste avant. C’était un peu difficile, mais maintenant, je sais que j’ai ma place au plus haut niveau.
Quand j’étais très jeune, je faisais de la compétition d’équitation (souvent en Alsace du Nord) et du piano, au conservatoire ; mon père me faisait travailler énormément, je n’ai pas eu la même enfance que les autres, mais je sais que l’on peut réussir si l’on s’en donne les moyens. À l’adolescence, quand mes parents ont divorcé, j’ai arrêté le piano. Il fallait travailler 8 heures par jour, ce que je ne faisais plus, alors j’ai préféré arrêter plutôt que de ne rien devenir. Je voulais faire autre chose. J’ai commencé la boxe. Je sais que si je le veux vraiment, je m’en donne les moyens et je réussirai. 

D’où vient cette passion de la boxe ? 

De mon père. J’étais toute petite quand il regardait des combats, souvent en pleine nuit. J’ai toujours eu cela en tête. Je m’y suis mise à fond, comme pour le piano et du coup, je suis passée pro très vite. Je ne gagne pas encore bien ma vie, mais j’espère que ça va venir, que je vais trouver des partenaires, des sponsors. Je crois que maintenant, tout est réuni. 

Vous avez un caractère bien trempé…

C’est mon côté russe. Et dans ce sport, on est tout le temps avec des garçons, il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds. J’ai cette agressivité quand il faut la « sortir » et à d’autres moments, énormément de douceur, avec les enfants, les animaux, les gens. Je suis extrêmement déterminée quand je suis sur le ring, dans la vie de tous les jours, on n’a pas besoin d’être tout le temps comme ça ! 

Quel est votre plus grand rêve ? 

J’aimerais faire une belle carrière et ensuite devenir journaliste. J’avais interrompu mes études, mais je m’intéresse à beaucoup d’autres choses, j’ai fait une fac d’histoire par exemple. Mais d’abord, je veux devenir championne du monde, pour la ceinture EBU ou WBC et d’autres encore, je veux boxer partout et battre les vraies championnes dans leur pays.