Michel Lom – Maire l’enchanteur

Le rugbyman de Biarritz devient maire du village de Seebach en Alsace, c’est presque un début de pitch pour un polar alsacien. Michel LOM a été réélu maire de Seebach en 2020, son projet de centre de village qui a provoqué beaucoup d’oppositions se met en place et son désir de Terre d’événements prend forme. Rencontre au coin du feu dans la perle cachée de l’Outre-Forêt et ses 250 corps de ferme, Seebach, un village de caractère, comme un pilier au rugby.

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Michel Lom, Maire de Seebach

Vous êtes l’heureux maire d’un très joli village alsacien !

Michel Lom : Un village qui est beau, c’est bien, mais un village qui vit c’est mieux. On essaye de tout faire pour le garder beau, mais il est surtout beau parce qu’il est habité par des gens qui s’impliquent. C’est un village qui a entamé une vraie transition, notamment avec ce nouveau cœur de village, qui est le seul écoquartier, en cours de labellisation, pour une commune de moins de 20 000 habitants dans le Bas-Rhin. Souvent, dans les villages alsaciens, cela manque de mouvement parce qu’il n’y a pas de place du village comme on en trouve dans le sud. Nous, on a réussi à créer un cœur de village, malgré le fait qu’il était organisé sur deux pôles, la partie protestante et la partie catholique. Ici, il y a des talents, des personnages.

Ici, dans l’Outre-Forêt…

ML : …Je déteste ce nom. Je viens du Pays basque, et j’ai une certaine fierté, je n’aime pas que le nom du territoire dans lequel je vis soit donné par d’autres. Je préférerais que cela vienne d’ici. Le nom de l’Outre-forêt a été donné par des gens d’ailleurs, mais pas par des gens d’ici. Après, c’est une situation géographique qui a des inconvénients, mais aussi des avantages, cela préserve aussi. Il y a un côté authentique et on le voit bien. Ici c’est rural, c’est très pittoresque. La seule chose, c’est qu’il faut arriver à bien vivre avec et à l’assumer. Peut-être qu’ici on ne s’en rend pas assez compte.

Comment êtes-vous arrivé en Alsace ?

ML : À un moment, j’ai fait mes études à Tours, et j’ai rencontré un gars du coin qui était de Seebach, il m’a invité à passer quelques jours, et le hasard de la vie, c’est que je l’ai recroisé, il était avec une femme qui est devenue mon épouse, elle aussi est originaire de Seebach. J’ai travaillé 15 ans chez Mars à Haguenau. Mon job c’était de « développer l’enchantement ». Et pour moi qui vient du monde du rugby, à l’entraînement il y avait des gars comme Serge Blanco, l’équipe c’est très très important, mon dada, c’est le collectif, et après, avec des différences on arrive à faire des choses très sympas.

A Seebach, des week-ends au coin du brasero. / ©DR

Et vous ne regrettez pas les vagues de Biarritz ?

ML : C’est très relatif la vague, vous savez ! Ici, il y a plein de vagues. Comme je le dis souvent, ce sont les mêmes instruments, mais ce n’est pas la même musique. Il y a plein de parallèles qui me plaisent.

En tout cas, votre accent ne gêne pas nos concitoyens ?

ML : Non, au contraire, ils ont l’impression d’être en vacances quand il me croise.

Pourquoi avez-vous eu envie de devenir maire ?

ML : J’avais développé une activité de consultant, ça marchait moyen, j’étais dans le doute professionnellement, et un beau jour, j’ai vu un panneau qui disait « Non aux éoliennes ». Je suis allé à la réunion publique, il y avait 300 personnes. Pour la première fois de ma vie, j’étais contre quelque chose. J’avais 42 ans, 3 enfants, je me suis regardé dans la glace et je me suis dit « t’y vas ou t’y vas pas ? ». Le maire de l’époque était pour la construction de ces 17 éoliennes. On m’a dit « c’est donc pas normal, mais qu’est-ce que tu veux y faire toi ? » J’ai répondu que ça ne tenait qu’à eux, de se faire entendre et de faire capoter le projet. J’ai créé une équipe et un plan d’attaque, 1200 personnes ont voté la pétition et le projet a avorté. Du coup, j’ai eu envie d’entrer dans l’équipe municipale pour les élections, mais le maire s’y est opposé. Je me suis présenté et l’on a gagné.

Qu’est-ce qui vous caractérise ?

ML : Je suis un homme de projets et j’aime expliquer aux gens le pourquoi du comment. C’est parfois un inconvénient, mais en Alsace, les gens savent écouter. Cela m’a toujours impressionné. Lorsque j’ai organisé des réunions publiques pour les municipales, j’ai leur ai dit qu’ils étaient les copropriétaires de Seebach, j’ai expliqué mon projet, j’ai proposé de changer de cap et j’ai expliqué pourquoi. L’avantage c’est que je suis atypique, et l’inconvénient, c’est que je suis atypique.

L’incontournable marché́ de Noël de Seebach. / ©DR

Le plus difficile est d’avoir été élu ou d’avoir été réélu ?

ML : Je ne présente pas les choses comme ça. Être réélu, ce n’est pas une finalité. Moi je propose, les gens disposent, c’est eux qui sont responsables. Je leur dis souvent qu’ils ont voté pour moi parce qu’ils pensaient que c’était bien pour eux. En fait, j’en ai repris pour six ans de sacerdoce, mais c’est mon tempérament. Je suis dans l’abnégation, mais pour la satisfaction collective. C’est mon truc et ça me met à l’aise. Je rends les gens responsables, c’est eux qui choisissent. Après, une élection c’est comme un match de boxe, on peut gagner contre des nazes ou perdre contre des très bons, ça ne veut pas dire que vous avez été mauvais. Les deux fois j’ai fait mon job, j’ai présenté mes propositions en étant le plus clair possible. Dans la vie, ma chance c’est que j’ai eu des échecs, j’ai beaucoup appris. J’ai un style particulier, je ne suis pas trop dans le compromis, j’ai des positions assez tranchées. Mon investissement est à la hauteur de ma passion pour l’Alsace, c’est une région avec de gros freins culturels, mais aussi avec de gros leviers ; les gars, quand ils disent je m’engage, ils s’engagent.


 

Weihnachtszeit in Seebach, version 2

Les week-ends des 10/11 et 17/18 décembre, Seebach plongera dans l’authenticité et la poésie de Noël. Comme l’an dernier, vous retrouverez une centaine de sapins illuminés d’étoiles et de guirlandes sur les espaces publics et les maisons, les habitants les décorent comme nulle part ailleurs. Il y aura de nombreux sentiers éclairés pour des balades aux déambulations nocturnes. Le « temps de Noël à Seebach », c’est aussi la place de la Mairie et le corps de ferme du 94 spécialement décoré, un véritable point de rencontre des Seebachois avec un grand brasero participatif, des saucisses grillées, pour se réchauffer au son des musiques traditionnelles. Un espace enfant sera dédié à la découverte des animaux de la ferme et à l’initiation aux jeux en bois d’antan. Pour les plus grands, au sein de la maison de la ferme, on pourra visiter l’atelier Kelsch de l’association Hélène de Cœur qui a développé la marque Kelsch d’Alsace in Seebach et relancé le tissu Kelsch. Pour retrouver les saveurs et les senteurs de Noël, rendez-vous aux chalets gourmands, sur la place et le parvis, dans une ambiance cosy au sein du café de Noël au premier étage de la mairie où une conteuse énoncera la magie de Noël.