Plein hiver et le jardin à la japonaise est bien vert. Une quarantaine de variétés de bambous s’occupent soit d’occulter la vue, le bruit, la pollution, en murs végétaux de 60 à 80 cm devant les rails où passe un TER, soit d’orner le bassin de longues tiges vertes, marron ou jaunes, et faire de l’ombre aux carpes koi. « C’est une plante qui a certains avantages, commence Marc, le gérant. Sa densité, sa facilité d’entretien—un peu d’eau quand il fait très chaud–, sa persistance en hiver et sa rapidité de pousse pour obtenir de belles haies ». Sans oublier que, si le bambou avait mauvaise réputation, c’est parce qu’« il y a trente ans, ses racines s’étendaient si on ne mettait pas de barrière anti-rhizomes. Aujourd’hui les nouvelles variétés sont non-traçantes ». Et c’est la spécialité d’Esprit bambou.
Démarrée en 2009 « au fond du jardin dans la maison familiale » avec son frère Pierre qui a depuis changé d’activité, l’entreprise a pris de l’ampleur lorsque Marc s’y est consacré. Lui qui vient de la vente à distance, a décidé de se former :
« J’ai appris les métiers du bambou sur le tas, dans des pépinières en Europe, des livres, et avec mes essais », sourit-il, fier de sa petite entreprise. Avec ses deux jeunes collaborateurs, Corentin et Matthieu–« ses fidèles pandas »–ils passent de la serre de production au bureau, et de la terre au client. Si une dizaine de pépinières de bambou se partagent le marché en Europe, « nous livrons à travers la France pour des projets personnalisés, et notre force, c’est le stock. Nous avons 2000 à 2500 plants, alors s’il en faut 80 pour une haie de 50m, on répond même aux urgences ! »
plaisantent-ils.
Plus qu’un simple végétal
Mais Esprit bambou, ce sont aussi des valeurs : si Corentin met en avant le côté écologique du bambou avec « trois à cinq fois plus de CO2 absorbé qu’un arbre pour une pousse trois fois plus rapide », Marc, lui, parle de spiritualité. « C’est plus qu’un simple végétal, le sage dit bien “le bambou plie mais ne rompt pas” ».
Après une « expédition bambou » en Chine en 2018 où il a visité des musées, des jardins, des serres, Marc s’est rendu compte que « là-bas, le bambou est valorisé au quotidien, pour l’ameublement, le parquet, les ustensiles, la viscose ou en remplacement du plastique…» En Europe, il a de beaux jours devant lui !
