Mon enfant est sur Instagram : comment réagir?

Réservé jusqu’alors aux utilisateurs de plus de treize ans, le réseau social Instagram a déclaré vouloir étendre sa cible en développant une version « pour enfants » de son application. Dans le monde entier et y compris en Alsace, cette optique inquiète les parents.

0
909

Une coalition internationale de professionnels des droits de l’enfant ont adressé, jeudi 15 avril, une lettre au patron de Facebook, Mark Zuckerberg, réclamant l’abandon de son projet de créer une nouvelle version d’Instagram destinée exclusivement aux enfants. Actuellement, le réseau social rassemble plus d’1 milliard d’utilisateurs dans le monde et plait tout particulièrement aux adolescents et aux jeunes adultes : 41% des utilisateurs d’Instagram ont entre 16 et 24 ans. Ceci dit, ils sont aussi très nombreux à s’y mettre dès la première année du collège (10 – 12 ans), voire dès l’obtention de leur premier smartphone ou de leur première tablette… ce qui peut arriver bien plus tôt.

Une angoisse de parents

Noëlla, mère de deux enfants en CE1 et en CE2 craint particulièrement « ce moment de bascule », où, comme elle l’anticipe, « le regard des autres sera plus lourd à porter que leurs cartables. » La Strasbourgeoise de 28 ans confie sa propre expérience : « J’ai grandi avec MySpace. A l’époque, je n’avais pas non plus l’âge requis pour m’y inscrire, mais le web semblait quand même bien plus sûr. On ne parlait pas encore d’anxiété et de harcèlement. La nudité était là, les propos et les images choquantes aussi… Facebook a juste amplifié ce phénomène et ajouté une bonne dose de cynisme à nos relations sociales. Ce qui est certain, c’est que je ne veux pas que ça impacte la santé mentale de mes gosses. »

« Si c’est gratuit, c’est vous le produit »

Ajouté aux craintes des parents, qui redoutent que leurs bambins ne grandissent trop vite, des collectifs comme Campaign for a commercial-Free Childhood (CCFC, « Campagne pour une enfance sans publicité ») craignent principalement que l’activité des jeunes n’enrichisse les bases de données de la firme américaine. Selon la CCFC, la collecte des précieuses données familiales et la fidélisation (ou le harponnage) d’une nouvelle génération d’utilisateurs va indubitablement « favoriser leur manipulation et leur exploitation » par les marques. En somme, cela pourrait produire une génération dont les goûts et les intérêts seront conditionnés toute l’adolescence par le bon vouloir des algorithmes Facebook.

 Comment se prémunir des dangers ?

Tous les spécialistes de l’enfance l’affirment : il est primordial d’accompagner les jeunes dans leur prise en main des réseaux sociaux. Et s’il reste impossible – et même contre-productif – de les empêcher de créer un compte, il y a quelques conseils qui pourraient vous sauver la mise :

  • Accompagnez votre enfant lors de l’inscription et conservez les codes d’accès.
  • Passez son compte en privé s’il est très jeune ou particulièrement sensible. Cela empêchera les inconnus de le suivre ou de consulter ce qu’il partage
  • La communication est la clé : Questionnez-le régulièrement sur ce qu’il apprécie sur les réseaux sociaux afin qu’il se confie plus facilement en cas de problème.
  • S’il vient d’avoir son premier smartphone et que l’option existe, surveillez, dans ses paramètres, le temps qu’il a passé sur son réseau social favori. S’il est excessif, discutez-en. Mais ne lui interdisez pas d’y retourner, cela pourrait avoir l’effet inverse (vous connaissez les enfants).
  • Ajoutez un « filtre de blocage » sur son compte Instagram, Twitter ou Facebook, afin qu’il ne puisse pas recevoir de commentaires violents et des insultes.