Vous êtes professeur au collège de l’Outre-Forêt, est-ce le métier qui vous faisait
rêver ?
Je voulais être journaliste, j’écrivais et lisais beaucoup, je faisais des dictées à mes frères et sœurs. Un prof d’histoire au lycée à Walbourg m’a conseillé de faire hypokhâgnes à Strasbourg, et ça s’est fait comme ça. Aujourd’hui j’adore mon métier, je pense avoir un certain sens de la pédagogie et les élèves sont ma respiration depuis que je suis élue. À partir des textes, on peut parler de tant de choses et transmettre des valeurs. J’apprends beaucoup d’eux, dans les rédactions ils parlent d’eux… Et à l’époque, j’avais du temps pour mes enfants, j’étais maman et prof.
Justement, comment la dimension politique est-elle apparue dans votre vie ?
Il n’y a pas d’élu dans la famille ! J’ai quatre frères et sœurs, et mes parents étaient ce qu’on peut appeler de bons samaritains, ils aidaient beaucoup de gens dans des situations sociales compliquées. Moi j’ai eu la télé à 16 ans, on ne s’intéressait pas à la politique, mais mes parents ont des valeurs très fortes et ils vivent en fonction de leurs convictions, l’honnêteté, la générosité, sans être politisés. D’ailleurs moi non plus, je n’aime pas la politique politicienne. Quand ils ont commencé à chercher des femmes pour le conseil municipal à Woerth, en 2008, j’ai d’abord refusé, car mes enfants étaient encore petits. En 2014, ils étaient partis faire leurs études, donc j’ai accepté. J’ai pris les choses à bras le corps, sérieusement, et après huit mois comme 1re adjointe, Guy-Dominique Kennel m’a sollicitée pour les Départementales et je suis devenue le binôme de Rémi Bertrand.
Aujourd’hui, vous avez la charge de la Commission sport de la CeA, quels sujets sont abordés, notamment en année olympique ?
Ce qui est intéressant pour moi, c’est le bureau politique parce qu’il y a éducation, jeunesse et sport, on est trois élus. Je suis dans le comité de pilotage de lutte contre le harcèlement scolaire, et le numérique dans les collèges. Je fais en sorte que ça s’appelle harcèlement chez les mineurs, pour ne pas associer l’école au harcèlement, qui se passe sur les réseaux. À l’école, on détecte, ils sont moins en danger qu’à la maison sur leur téléphone… Quant à la flamme olympique, c’est nous qui l’avons fait venir en Alsace, et j’ai pu insuffler à la politique sportive un volet social. C’est une dimension qui relie les êtres, les plus fragiles aussi, par exemple on emmène les enfants de l’Aide sociale aux Jeux paralympiques, on organise des olympiades pour les aînés… C’était la promesse de Paris 2024, d’aller dans les territoires.
En avril, vous devenez présidente du PNRVN. Comment y êtes-vous entrée ?
J’ai toujours eu cette sensibilité, déjà dans ma commune. J’ai connu le Parc par le musée de la Bataille 1870 de Woerth, par sa mission de conservation. Mon rêve, c’était d’être vice-présidente du PNRVN, car Michael Weber était une institution ! (rires) En tant que vice-présidente, j’étais très investie et les missions me plaisaient, la protection de l’environnement, la médiation, faire cohabiter l’homme et la nature de manière rationnelle… Quand il s’est retiré pour être sénateur, j’ai été élue.
Quel est votre rôle au PNRVN ?
Nous avons une équipe de cinquante agents experts, des Bas-Rhinois et des Mosellans, on travaille pour l’intérêt général, pour le territoire. Il y a également beaucoup de jeunes, et des élus présents depuis longtemps, des maires aux pieds sur terre : l’équilibre entre les deux est intéressant. Le PNRVN, ce sont 111 communes de Wissembourg au Pays de Bitche, en passant par Sturzelbronn et Waldhambach, des endroits que je découvre encore ! Nous sommes aussi sur le terrain, comme pour l’évaluation de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), qui a labellisé 60 sites dans le monde entier, dont le PNRVN, ou pour des projets de renaturation, de continuité écologique ; nous gérons dix musées et la marque Valeurs Parc qui encourage le travail artisanal ; nous avons une mission de conseil en éco-rénovation, de conseil aux communes…
Et de grands projets sont-ils en préparation ?
On va rentrer dans la révision de la charte parce que tous les quinze ans, en 2030, le classement Parc naturel régional est remis en question. On va revoir le périmètre, est-ce qu’on l’agrandit ? Et comme tout évolue très vite, les énergies renouvelables, le climat, c’est difficile de se projeter en 2045. Je vais mettre ma patte, en associant les jeunes : c’est l’avenir de leur territoire et c’est important d’avoir leurs idées, et pour les décrocher de leurs écrans aussi, un de mes combats.
Entre votre métier de prof et vos engagements, vos journées sont très chargées…
Oui, quand j’ai fini ma journée de prof, j’enchaîne avec des réunions et des obligations, c’est passionnant et prenant, mais tant que je ne m’arrête pas, je ne ressens pas la fatigue. Je rentre assez tard et je dois gérer mes mails et les réseaux. Mais j’aime bien Facebook parce que c’est moi qui décide ce que je mets, et ça montre que les politiques ne mangent pas des petits-fours toute la journée. Ce qui est important pour moi, c’est de représenter les gens, et pour cela, il faut les connaître. C’est pour ça que je tiens à garder mon travail, pour rester ancrée dans la vie. J’ai là toute une génération qui passe devant moi, les parents je les vois aussi. Les gens peuvent s’identifier à moi, je travaille, je ne dépends pas d’un mandat.
Avez-vous des ambitions en tant qu’élue ?
Non, je n’ai jamais été ambitieuse, tout m’est un peu tombé dessus ! Je ne fais que des choses qui me conviennent, avec mes valeurs, et je le fais à fond quand je prends une responsabilité. Ce qui me plaît, c’est être à la manœuvre et avoir l’impression d’avancer, rencontrer les gens, les mettre en réseau, et enfin, avoir la satisfaction quand on a réussi à faire quelque chose ensemble.