Netflix fait son (grand) cinéma aux Oscars

Netflix creuse peu à peu son trou dans le cinéma. Mais, alors qu’il était présenté comme grand favori de la compétition, ses films ont été boudés lors de la cérémonie des Oscars le mois dernier. La faute peut être au principe du streaming, qui fait peur à l’académie de Hollywood.

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Alors que d’année en année Netflix lorgne de plus en plus sur la production de films, l’industrie, elle, lui reproche régulièrement de contourner les circuits classiques de distribution. En 2019, avec ses films disponibles sur internet, la plateforme de Reed Hastings avait pourtant obtenu quinze nominations aux Oscars (deux fois plus qu’en 2018) et remporté trois statuettes pour Roma, dont celle de meilleur réalisateur, décernée à Alfonso Cuaron.

Cette année, pour la 92e cérémonie des Oscars, Netflix a totalisé 24 nominations, devançant tous les autres studios hollywoodiens, mais n’est repartie qu’avec 2 statuettes. Ce raté est d’une importance symbolique dans le bras de fer que semblent désormais se livrer l’académie et la plateforme de streaming, soulevant des interrogations sur la désertification des salles et la crainte de voir internet concurrencer le box-office.

C’est de bonne guerre

Cela aurait pu être la consécration pour Netflix. Dans son cru 2020, « The Irish Man », « Marriage Story » ou encore « The Two Popes » étaient en lice. À l’affiche de ces films, tous produits par la plateforme de streaming, sont associés de grands noms du cinéma comme Martin Scorsece, Scarlett Johanson, Anthony Hopkins, Robert de Niro ou Al Pacino. Comme l’an dernier grâce à Alfonso Cuaron, les producteurs de Netflix étaient confiants. Difficile donc de comprendre les raisons de leur échec, alors que cette année encore, de nombreux réalisateurs entendent créer des films pour des diffusions en dehors du circuit des cinémas.

La critique, elle, est plutôt favorable aux films Netflix. Mais ces productions pensées pour le streaming sont-elles comparables à celles des salles obscures ? L’industrie reste méfiante. Dans une tribune publiée dans le média
Slate.fr le mois dernier, Jean Marc Quinton, ancien directeur d’un cinéma Pathé à Paris affirme que, pour réussir, « chaque médium a intérêt à développer le type de format qui lui est le plus adapté, et que chaque type de format a intérêt à se diriger vers son médium idéal ». Or, dans ce scénario, Netflix tirerait son épingle du jeu grâce à ses séries. Un format qui ne souffre pas de la concurrence avec la télévision et le cinéma, et qui permet actuellement à Netflix de fidéliser une grande part de l’audience sur internet.