Nyaman, un homme « heureux et libre »

Ses chansons en français, en anglais et en créole remportent un grand succès en Allemagne, comme Happy Freedom son nouvel album. Nyaman mélange le reggae, la soul, le blues et les musiques caribéennes pour parler de la vie, de l’amour et de ses expériences. Ce Parisien a découvert la région en faisant l’armée et vit à Hoerdt depuis 18 ans. Rencontre avec un artiste amoureux de l’Alsace du Nord qui partage son temps entre la musique et la peinture.

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Ça marche fort pour vous en Allemagne, plus qu’en France, pourquoi ?

Mon producteur est allemand et c’est vrai que de l’autre côté du Rhin, j’ai accès aux grosses télévisions, je fais beaucoup plus de concert. J’ai eu plus d’opportunités en Allemagne, c’est la vie qui est comme ça. Il n’y a pas eu de calcul.

Un mot sur votre 5e album »Happy Freedom », c’est un album que vous vouliez enregistrer depuis longtemps, pourquoi ?

Parce que j’avais envie de faire un live avec les musiciens que j’ai choisis. Nous avons enregistré en studio. On a un peu répété et on a joué l’album, en même temps, chacun dans sa cabine. La plupart du temps, c’est le premier jet qui est le meilleur. J’avais envie de trouver cette énergie-là.

C’est un album inspiré par votre jeunesse en banlieue parisienne dans les années 90. Vous dites que Paris n’a pas beaucoup changé depuis, mais vous, avez-vous changé ?

Oui. L’âge, la maturité, je suppose. Quand on bouge, que l’on voit d’autres façons de vivre, d’autres paysages, on prend du recul.

Que pensez-vous du jeune homme que vous étiez dans les années 90 ?

J’en pense du bien, il s’est bien amusé.

C’est toujours le cas ?

Oui. Le truc c’est de garder la spontanéité, en travaillant sur ses fonctionnements. C’est l’introspection. De toute façon, il y a un lâcher-prise quand on fait de la musique ou de la peinture.

Justement, peut-on dire que vous êtes maintenant aussi bien chanteur que peintre ?

Oui. Au début la peinture me permettait de lâcher prise justement. Dans les années 90, j’ai rencontré un art-thérapeute qui travaillait dans un hôpital psychiatrique, il y avait un atelier où les patients venaient peindre sur les murs ou faire de la musique. C’était un lieu d’expression totalement libre, il n’y avait pas de hiérarchie, on ne pouvait pas toujours deviner qui étaient les patients. C’est là que j’ai beaucoup appris, c’était mon conservatoire. La peinture permet de libérer les émotions, celles qui nous emprisonnent. Un jour, on m’a proposé une expo, et voilà, les choses se sont enchaînées comme ça. J’ai des périodes où je reste dans mon atelier et je peins non-stop.

Dans l’une de vos chansons, vous parlez de l’être humain le plus cool, c’est vous ?

En fait, je parle des rastas cool, de façon un peu humoristique. Je parle des conditionnements. À un moment, il faut éliminer l’esprit de compétition, l’ego. Cela fait une différence au niveau de l’inspiration, de la qualité, et même au niveau de la performance.

Comment l’artiste que vous êtes a vécu le confinement ?

Au début, c’était énervant, car on venait juste de terminer l’album et tout a été reporté. Avec le temps, je pense que c’était une expérience importante. Quand tout s’arrête, quand on n’a plus le nez dans le guidon pendant un temps, la pensée se libère et tout ce qui est un non-sens apparaît.

À quel point aimez-vous l’Alsace du Nord ?

La culture est si particulière que l’on dirait presque que l’on vit sur une île. Et puis, la beauté de la région… Il manque juste la mer, mais il y a des coins tellement beaux en Alsace.