Vous avez déjà tout dit. Vous avez raconté l’homme qu’était Clément, sa passion, sa gentillesse.
Clément Stoll était un athlète attachant que j’ai suivi régulièrement. On s’appelait, je prenais des nouvelles de sa clavicule, de sa moto, de sa préparation pour les 24 h du Mans. Il aimait en parler, parce que ce rêve, il le poursuivait. À toute vitesse.
Clément était lucide néanmoins. Il avait trouvé un boulot à côté parce qu’il savait qu’il lui manquait un petit quelque chose pour côtoyer son copain d’enfance Fabio Quartararo. Et il avait cette modestie de croire que Fabio l’avait oublié depuis tout ce temps, lui le gars de Hœrdt, avec son accent marqué qui lui donnait des airs un peu bourrus. Pourtant, le champion du monde lui a aussi rendu hommage sur les réseaux sociaux. Preuve qu’on n’oublie pas facilement un gars comme Clément.
Derrière des yeux éternellement rieurs et un sourire timide, le gars de la campagne s’épanouissait comme personne sur le bitume. Pas une lubie, une raison d’être. Enfiler la combi, mettre le casque, rabattre la visière, sentir le pouls s’accélérer, l’adrénaline monter, il vivait pour ces petits moments.
Des yeux d’enfant
S’il n’était pas connu du grand public, Clément mérite pourtant plus que quiconque tous les beaux hommages qui lui ont été rendus. Sa fraîcheur, sa candeur, ce petit humour pince-sans-rire le caractérisaient dans tous les paddocks du monde. Lui, le petit Alsacien qui voyait tout en grand, avec ses yeux de gamin.
Il y a des mots qui me reviennent. Ceux de Wacim Tine, le footballeur du FCOSK06, un soir d’élimination en 16e de finale de coupe de France contre Angers, à la Meinau. Les larmes aux yeux, face à la caméra, il rappelait qu’on « a tous rêvé d’avoir cette vie-là ». Clément l’a touché du bout des doigts, sa vie rêvée à lui.
Il connaissait les risques. S’il avait eu peur, il n’aurait pas pratiqué ce sport. Ce n’était pourtant pas une tête brûlée. C’était un mec réfléchi. Posé. Il est parti dans la fureur d’un circuit, dans les odeurs de cuir, d’essence et de caoutchouc qui chauffe. Il est parti là où il a toujours rêvé d’être. Comme un Molière tirant sa révérence sur scène. L’Alsace a perdu plus qu’un de ses champions. Elle a perdu un bon mec. Et ce sera dur de ne pas en pleurer encore et encore.