Wissembourg – Le droit à l’image de la collection Wentzel

L’imagerie Wentzel et successeurs de Wissembourg n’a pas encore la notoriété des images d’Épinal, mais l’ambitieux tri commencé en janvier a pour objectif d’intégrer ces lithographies aux collections du musée Westercamp, les rendant dès lors inaliénables.

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Serge Burger fait un premier tri dans le grenier où sont stockées les centaines de milliers d’images. ( / ©SB

Des tas de papiers imprimés au 19e siècle dormaient sur des étagères dans un grenier depuis des décennies… Serge Burger, responsable du musée, se souvient : « En 2013, un premier travail a permis d’estimer le fonds à 460 000 feuilles, pour 3 à 5000 modèles d’images différents ». Mais ce n’est qu’en octobre 2022 que la municipalité de Wissembourg a signé l’acte notarié lui assurant l’acquisition de toutes les images uniques, d’un maximum de vingt exemplaires pour les grands tirages, de toutes les archives de l’entreprise, des pierres lithographiques (environ 200) ainsi que du matériel d’imprimerie, pour un coût global de 272 000€.Et le 3 janvier 2023, le travail d’inventaire a pu commencer : « Notre mission, prendre une pile après l’autre, et identifier chaque image », sourit Serge Burger devant des étagères à perte de vue, les doigts qui caressent un papier vieux de 150 ans parfaitement conservé.

« Parfois, on a le même motif, mais la couleur change, comme ces soldats en uniforme vert de gris avant 1907 qui deviennent bleus après… » Un titre, une technique, un format, un type de papier, une langue ou simplement un numéro qui diffère, et la planche n’est plus la même. Militaires, religieuses, pédagogiques, à découper, festives, humoristiques, touristiques, les images ne sont pas datées et les dessinateurs inconnus.

Au musée, des bénévoles s’affairent pour inventorier les lithographies une à une. / ©SB

Conservées dans les meilleures conditions

Puis l’inventaire suit son cours au musée Westercamp : des bénévoles photographient et listent les lithographies sous le regard de Nelly Koebel, archiviste municipale.
« C’est un inventaire très très long dans un but de classification aux termes des Musées de France, pour rendre la collection inaliénable ». Certaines images devront être restaurées, toutes seront conservées dans les meilleures conditions, avant d’être un jour exposées. Pour l’instant, Isabelle et Simone s’affairent devant une affiche en allemand gothique qu’elles détaillent sur un tableur, à la ligne 3845. « Toucher et voir la richesse de cette collection » les fascine, « c’est un trésor local ».

Le musée Westercamp rouvre ses portes le 9 avril, après sa rénovation.


 

Pour la petite histoire

Jean-Frédéric Wentzel fonde son imprimerie en 1831 et acquiert rapidement une renommée mondiale dans l’imagerie populaire. En 1880, l’entreprise familiale passe aux mains de Camille Burckardt, puis aux Allemands Schenck et Jungk, puis à René Ackermann et fils en 1906. Parent et ami de la famille Wentzel, il relance l’affaire grâce au journal Weissenburger Zeitung. Aujourd’hui, c’est Anne-Marie Bendel et ses frères qui en sont les propriétaires depuis le rachat par leur père en 1955. L’activité de l’imprimerie a cessé en 2007.