Saverne – Au Petit atelier de Nathalie, la passion est cousue main

Elle a passé son enfance au Monténégro auprès d’un grand-père tailleur, mais Natalija Lalic Jovanovic est née à Belgrade il y a 55 ans. Après une belle carrière de couturière dans son pays d’adoption, elle débarque en France par amour et ouvre Le petit atelier de Nathalie à Saverne, au service des futures mariées.

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Des modèles pour satisfaire toutes les demandes. ©Chloé Braun

La petite fille assise par terre dans l’atelier de son grand-père à Herceg Novi, une petite ville du bord de mer monténégrin, est devenue une grande dame de la couture. Surnommée Nathalie dans le pays de son enfance, Natalija Lalic Jovanovic en a fait l’enseigne de ses boutiques de prêt-à-porter, au Monténégro comme en France. Elle explique : « Là-bas, on m’appelle Nathalie au travail, et Natacha dans ma famille. Quand ma maman me disait Natalija, c’est que j’avais fait une bêtise, je le savais tout
de suite ! » (rires)

Voilà donc plus de trente ans que ses doigts de fée laissent s’exprimer sa passion, de la cour d’école où elle créait déjà pour ses copines à son premier atelier ouvert à 19 ans. Elle estime que son « grand-père [lui] a appris beaucoup de choses », en complément de « plusieurs stages de couture et création, et des fashion weeks ». Nathalie se lance alors à Podgorica, la capitale, et travaille pour des agences de mannequins et à la télé nationale, « je faisais les robes de chanteuses, d’actrices ». Elle décrit ses créations comme « très féminines et un peu sexy, j’étais connue pour mes tenues en soie, douce et féminine, j’avais beaucoup de collections à succès ».

Le noir a inspiré Nathalie pour la collection 2024.
©Chloé Braun

Confiante en ses dix doigts

Il y a 13 ans, vient l’homme de sa vie, un Français dont elle fait la connaissance dans un avion sans se douter que son cœur la conduira à Saverne : « L’amour m’a décidée, j’avais confiance en mon métier et en mes dix doigts, j’étais prête et je n’ai jamais regretté. La différence, c’est que je fais tout moi-même ici, alors que là-bas, j’avais l’aide de quatre couturières ». Nathalie apprécie d’autant plus Saverne que la vieille ville ressemble à Herceg Novi, « c’est un lieu pittoresque qui est magique et m’inspire, les gens m’ont acceptée. J’adore le port de plaisance qui donne l’impression qu’on est en bord de mer, c’est important pour moi, et le canal avec vue sur le château est grandiose ».

Avec ce petit accent qui ne la quitte pas—elle estime que son français n’est pas encore « complétement bon » !—, elle reçoit désormais ses clientes sur rendez-vous au 6 rue de la Gare à Saverne, dans son showroom. Lorsqu’une future mariée pousse sa porte, elle veut « prendre le temps » en faisant connaissance, pour découvrir « son envie, le thème, et voir sa morphologie et sa silhouette, avant de faire une proposition par dessin. Avec mon expérience, je peux dire tout de suite quel décolleté va, on parle des manches, du bas, du dos ouvert ou non, etc ».

Une robe sur mesure pour le musée Dior !
©DR

Toutes les demandes satisfaites

Ses clientes arrivent du Luxembourg, de Suisse, et de toute l’Alsace—la plupart la découvre sur les réseaux sociaux, sous le nom Le petit atelier de Nathalie ou Robes de mariée Nathalie. Autant d’expériences qu’elle engrange ! À commencer par « une histoire stressante » au Monténégro : « Une cliente est venue le mercredi pour se marier le samedi qui suivait, elle n’était pas satisfaite de la robe commandée ailleurs, et est venue chez moi en urgence. En trois jours, on a tout laissé de côté et on a réussi à faire sa robe », sourit-elle !

Nathalie confectionne ses robes dans son atelier-showroom. / ©Dr

En France, il faut plutôt compter six à douze mois pour avoir le temps des essayages et des retouches, c’est donc le moment de se lancer pour 2024. Blanche, ivoire, rouge, écossaise ou « africaine—j’ai habillé toute la famille », Nathalie a toutes sortes de demandes. Elle se souvient de sa « première robe de mariée noire, gothique, c’était bizarre, mais intéressant… Tellement que je l’ai refaite pour cette collection 2024 ! » Mettre en valeur « des femmes complexées », c’est aussi son credo : « Une cliente un peu obèse a pleuré, or elle avait un beau décolleté, et on a ouvert au niveau des jambes aussi. Elle qui n’avait jamais porté de robe est repartie souriante… Je sais qu’il existe toujours une solution pour qu’elles soient satisfaites ».

Nathalie propose aussi des robes de soirée et de cérémonie, du prêt-à-porter, et se prépare à partir en vacances « avec une robe spécialement créée pour visiter les jardins du musée Dior en Normandie ». Si la styliste réalise des rêves de petites filles, elle a aussi répondu au sien.

Les robes de soirée côtoient les robes de mariées. / ©Dr