L’autre jour ma voisine m’a dit que son homme n’était pas déconstruit. Ça m’a retourné. En une phrase, elle m’en a dit plus qu’en quatre années de voisinage. Ma voisine vit avec un mec, c’est fou!
« Moi qui pensais que Johnny (c’est vraiment son nom ?) avait fait le chemin de la déconstruction, sa part de boulot pour éviter toutes sortes de faux pas avec les femmes, il a eu des mots sexistes. Dingue non ? » elle m’a dit en cherchant une approbation que je lui ai donnée immédiatement, par réflexe pavlovien, parce que si je peux passer pour un garçon formidable, je ne vais pas me priver.
Elle a poursuivi : « Tu te rends compte, on était tranquille au resto, des étoiles plein les yeux, et il m’a dit qu’avec les femmes on ne pouvait plus rien dire. L’argument niveau zéro ». Je jubilais, j’ai dit oui, mais quel con franchement, t’aurais dû lui planter ta fourchette dans la main, alors que je n’avais aucune idée du litige conjugal : « C’est une phrase prononcée à une collègue de travail qui a tout déclenché : J’aime bien ton pantalon, a dit Johnny». Je ne voyais pas vraiment quel était le problème, mais j’ai gardé ma ligne : « Ah oui quand même, et si un homme dit, j’aime bien ton pantalon, tu as un beau cul dedans, c’est du harcèlement ? » « Absolument, tu commences à comprendre », elle a répliqué. « Toi, il ne te viendrait jamais à l’idée (Johnny ?) de balancer à une femme, j’aime bien ton pantalon, parce que quand tu dis ça, tu dis aussi, il te fait un beau cul. » Là j’ai eu un doute… Et elle l’a senti… Elle m’a balancé que moi aussi j’étais sexiste! Ça m’a re-retourné.
Résumons, dire à une femme « j’aime bien ton pantalon », c’est sexiste parce qu’on pense forcément, « whouaou, ce pantalon te fait un cul de folie », et si on le dit au lieu de le penser tout bas, c’est du harcèlement. OK ? Voilà messieurs, c’était votre première leçon de déconstruction, rendez-vous la semaine prochaine. Sinon, depuis, je n’ai pas entendu parler de Johnny et j’ai entamé le charpentage d’une nouvelle relation avec ma voisine. Un de ces jours, je l’emmènerai sous les étoiles, et j’espère qu’elle portera une robe.