Après avoir annoncé le bannissement de la firme chinoise en mai 2019, le gouvernement américain avait accordé un délai de 90 jours pour permettre aux entreprises américaines de s’adapter avant d’être soumises à l’interdiction de collaboration avec Huawei. Cette période de grâce s’est terminée le 19 août et sera finalement reconduite jusqu’au 19 novembre. Une reconduction étonnante qui contredit la fermeté affichée par Donald Trump et qui permet à Huawei de souffler un peu tout en élaborant sa nouvelle stratégie commerciale.
Bouc émissaire international
Si le marché américain représente un gros manque à gagner, le géant chinois ne compte pas se reposer sur ses lauriers et laisser filer le marché occidental. L’entreprise entreprend même de consolider sa position en Europe. Et pour ce faire, Huawei, plutôt habituée à une communication discrète, abandonne le silence et se défend comme une victime collatérale de la guerre commerciale entre la Chine et les USA. « Les États-Unis nous ont frappés sans raison précise », estime ainsi Ren Zhengfei, PDG et fondateur de l’entreprise : « Ce choix viole le principe même du libre marché. Il n’arrange les intérêts de personne, pas même des entreprises américaines.»
Tomber pour mieux se relever
Une situation d’embargo inédite et en apparence dramatique, mais qui ne fait pas tant trembler que ça les cadres de Huawei, qui, confiants en leur expertise de la 5G et en leur futur dans la new-tech, se permettent même de narguer la décision du gouvernement américain : « Avec les difficultés qu’ils nous imposent, les États-Unis sont en train de nous aider. Grâce à cette pression extérieure, nous sommes plus unis que jamais ».
Il faut dire que Huawei a le vent en poupe. Il y a trois semaines, l’entreprise annonçait le lancement de son propre système d’exploitation, l’Harmony OS (futur concurrent direct au système Android de Google). Ce nouveau système d’exploitation est le témoin des ambitions nouvelles de l’entreprise. Depuis quelques semaines, Huawei entérine sa volonté de s’affranchir de Google et se montre de plus en plus confiant dans ce nouveau positionnement agressif, cela, alors que la communauté européenne rechigne à s’aligner sur la décision du gouvernement américain.