« Après la guerre, mon grand-père a toujours raconté qu’il était allé chercher du lait dans la neige et la boue, et qu’une mine allemande avait explosé, en 1944, à Soufflenheim », se souvient Cédric Lemaître, président de l’association et du Musée mémorial ouvert en 2020. Envoyé à l’hôpital de Bischwiller, entre combats et libération, le garçon de 9 ans doit être amputé, « il est coupé de sa famille et traumatisé ». L’histoire en resterait là si, 80 ans plus tard, Cédric n’avait pas rencontré des témoins de la scène : « Un de ces anciens jeunes est venu au musée, et m’a raconté que mon grand-père avait en fait manipulé un lance-roquette allemand à usage unique. C’est un tube qu’il a tenu à la verticale et qui a envoyé une flamme de 10m sur sa jambe, brûlée à vif ».
Bien entendu le lance-roquette en question figure dans une des vitrines du musée, de même que la photo du grand-père et ses béquilles. Car le credo du conservateur, c’est « l’éducation et l’enquête, ne pas s’arrêter à une évidence, car il y a une âme derrière chaque objet ». Comme cet uniforme du « docteur Roth de Haguenau qui contenait une trentaine de lettres. Il avait été mobilisé comme légiste dans le bassin potassique pour identifier des Français avec une balle dans la tête. En réalité, ils ne sont pas morts pour la France, mais se sont suicidés, écœurés par la débâcle… »
Un musée 2.0
Des « claques » historiques, Cédric s’en prend « régulièrement ». Souvent appelé avant que les objets ne finissent à la déchèterie, il n’est pas le seul à faire des trouvailles : « Notre plus jeune membre, Tom, 16 ans, a chiné un album sur l’aéronautique avec une photo unique au monde : c’est Manfred von Richthofen, le fameux Baron rouge ».
Bien que la visite guidée par le maître des lieux soit le must, il ne peut pas être partout. « Je m’éclate à côté de mon métier », assure-t-il après avoir mis sept ans à rénover ces anciennes écuries du séminaire de Walbourg avec des bénévoles. Les flashcodes vont donc faire leur apparition dès la fin du mois pour entrer dans l’ère 2.0, parallèlement aux vitrines « upgradées chaque semaine, car c’est un musée vivant ». Ajoutez à cela un escape-game en création, des sons, comme le vent glacial du front de l’Est, et des odeurs pour une visite « immersive » qui a déjà attiré 5000 personnes.
Ouvert mercredi et dimanche de 14h à 18h.
Renseignements : Facebook ou www.2mcladn.fr