Alors que Jean-Marie s’installe au rameur avec enthousiasme et que Pierre aligne le vélo elliptique, Lucienne glisse : « Ils sont comme des gamins ! » Et si c’était ça leur secret ? L’état d’esprit inciterait à s’entretenir physiquement, ou alors contraindrait à renoncer en faveur d’un certain fatalisme (lire encadré). À Wintershouse, trois fois par semaine, les voisins se motivent l’un l’autre à aller à la salle de sport : « Seul, ce n’est pas pareil, c’est monotone, avance Pierre. Sauf sur le vélo, où c’est chacun pour soi ».
Si Pierre fait rarement des sorties cyclistes de moins de 70 km (en trois heures, uniquement aidé par l’assistance électrique quand il le faut), Jean-Marie en fait plutôt 50, mais ajoute la marche nordique par 25 ou 30 km, plusieurs fois par semaine. Objectifs : « Uniquement faire du sport » pour Jean-Marie, et « rouler et découvrir » pour Pierre, car « il y a toujours quelque chose à voir ».
Stabiliser la santé, voire l’améliorer
De manière tout à fait consciente, Jean-Marie ramène leur dépense physique à leur santé : « Nous avons tous les deux intérêt à faire du sport, pour le cœur, le cholestérol, le diabète… Le cardiologue est content quand on va le voir, on essaie au moins de stabiliser notre santé, voire l’améliorer ». Seuls les « petits bobos » permettent à Pierre de mesurer l’âge : « Si après deux jours, je n’ai pas fait de vélo, j’ai mal partout. J’y monte et j’oublie tout ! » Ajoutez à cela une hygiène de vie sobre -se lever tôt, boire de l’eau, manger des légumes-, des travaux manuels en continu sur leurs propriétés, et enfin les petits-enfants voire arrière-petits-enfants qui les « rajeunissent ».
Entretenir le corps et l’esprit est d’autant plus accessible à l’heure de la retraite. Pierre prétend même se lever « une heure plus tôt, pour avoir plus de temps à ne rien faire ». « On est vivaces, vous avez remarqué ? On a la pêche, et on y croit, ainsi va la vie ! » sourit Jean-Marie. Le dernier mot à Pierre, l’optimiste : « J’ai un ami qui m’a appelé en disant, je suis soucieux. J’ai répondu : mieux vaut être soucieux que sous terre ! »
L’INFO EN PLUS
Deux études anglophones, relayées sur le site www.slate.fr, démontrent que plus l’image de la vieillesse est positive, plus les gens vivent vieux. Une première cohorte d’un millier de personnes de plus de 50 ans avait été interrogée en 1975 dans l’Ohio, et a vécu en moyenne 23 ans pour les optimistes, contre 15 ans pour les pessimistes… La seconde concernait 10 000 Londoniens en 2003 : les personnes victimes d’arrêts ou de problèmes cardiaques six à neuf ans après, sont celles qui pensaient que la vieillesse commençait tôt.