Philippe Créange a été sauvé par des Justes, des personnes non-juives qui ont sauvé des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Mon père, d’origine alsacienne, s’est retrouvé seul avec sa mère et son frère à Vichy. En 1944, mon père et mon oncle ont été cachés dans deux familles de paysans résistants. Ils étaient devenus, soi-disant, les petits neveux parisiens. Même si mon père ne l’a jamais exprimé ainsi, c’était une évidence qu’il souhaitait sauver des enfants en retour. Pas du nazisme, mais des difficultés familiales pour leur permettre d’avoir une chance de réussir dans leurs vies.
Nathalie Roos, fille de Philippe Créange et actuelle présidente des Cigognes
Les Cigognes, une association centenaire
L’association existe depuis 1852. Philippe Créange en est devenu le président en 1974. Après avoir accueilli des personnes âgées juives, l’association a évolué en recueillant des orphelins. Elle est devenue une maison de jour dans les années 90, mais elle a fermé en 2002. Un lieu d’accueil a alors ouvert à Strasbourg deux ans plus tard. Philippe Créange a renoncé à son statut en 2015.
Mon père m’a demandé de prendre sa succession. La transmission était une valeur essentielle. Il était vital pour lui que l’association continue de vivre. Il disait toujours qu’il ne voulait pas mourir président.
Désormais, Les Cigognes viennent toujours en aide aux enfants, par le voyage ou par l’école.
À la rentrée 2020, j’ai ouvert l’école des Cigognes Philippe Créange à Strasbourg. C’est un programme de soutien scolaire spécialisé pour les collégiens et les lycéens.
Une sculpture en hommage
Pour Nathalie Roos, cette sculpture est un symbole.
Quand mon père est décédé, Brigitte Kahn, décédée récemment et connue pour venir en aide aux enfants, m’a dit que je devrais faire un jardin pour mon père. Beaucoup disaient que c’était un saint. C’est un homme qui a donné sa vie aux autres. J’en ai parlé à mon mari et il a pensé à une sculpture d’Hedva Ser. J’ai trouvé que c’était une idée géniale. J’en ai parlé au maire de Haguenau. La statue a alors été financée à moitié par la municipalité et l’autre moitié par notre famille. À travers cet arbre, on cherche à aller vers un monde plus paisible et ouvert, à encourager le dialogue entre les peuples. Il correspond à l’âme qu’avait mon père.