On dit souvent, notamment au restaurant, que la dernière impression doit être la bonne. Une bonne introduction, une bonne conclusion, et on garde un bon souvenir du moment. Pareil pour un article finalement. Mais pour un sportif ?
On voit au fil du temps à quel point il est compliqué de « finir » sa carrière. Pour les champions lambdas – attention, rien de péjoratif, j’aurais adoré être un champion lambda – c’est un peu plus simple : un dernier match de Ligue 1, un dernier tournoi ATP à la maison, un dernier shoot. Le tout accompagné d’une petite banderole et d’un bouquet de fleurs, au revoir et merci. Suivant.
C’est beaucoup plus complexe de « terminer » quand on fait partie de la caste des seigneurs. Prenons l’immense Michel Platini. Le 17 mai 1987, avec le dernier match de la Juve en Serie A, il annonce la fin de sa carrière, comme ça, et n’ira même pas le 16 juin avec les Bleus à Oslo. Sans lui, la France loupe la qualification pour l’Euro 1988. Autre légende : Zizou. Le coup de boule de 2006 reste chevillé à son corps, et même si on sait prendre du recul et se rappeler à quel point il a illuminé le football de sa grâce, ce dernier rouge est immanquablement dans toutes les têtes. Notamment celle de Materazzi.
Quelle image on retient ?
Pete Sampras a lui aussi laissé une drôle d’impression. Une saison 2002 un peu pourrie, pour finir sur un sacre inattendu à l’US Open. Le tennisman américain, 14e Grand Chelem en poche, va ensuite se blesser, sans jamais revenir, et annoncer sa retraite un an plus tard. C’est comme prendre une photo au sommet de l’Everest, mais dans le mauvais sens.
Dans cet esprit, quelle image restera de Cristiano Ronaldo ? Le Portugais a quitté le Qatar en larmes. De légende du sport, il en est devenu presque un paria depuis quelques semaines. Statue déboulonnée à Manchester, statut écorné en sélection. Plus personne n’en veut. Lui-même ne semble plus savoir. Ces détracteurs s’en donnent à cœur joie. Cramé ! Fini ! Qu’il dégage !
L’ego a peut-être pris le pas sur la raison. La saison de trop n’est jamais bonne. Mais elle ne doit pas, non plus, faire oublier les belles heures. La morale ? Profitez de chaque seconde de vos idoles, régalez-vous, car, comme toute chose, elles ne sont pas éternelles.