Le perce-neige, un miracle de simplicité

Dans ma langue maternelle, on l’appelle Schneegleckel, clochette des neiges. Le perce-neige se nomme aussi goutte de lait, nivéole, clochette d’hiver ou galanthe des neiges. Il porte bien son nom, car, lorsque l’heure de son fleurissement a sonné, il ne craint pas de traverser la couche neigeuse pour aller vers la lumière.

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Le long du canal de la Bruche, les perce-neige poussent à l’état sauvage.

Le perce-neige a besoin du froid hivernal pour fleurir. Son fleurissement commence en nos jardins dès le mois de janvier et s’étale jusqu’à mars. Alors que l’hiver n’est pas encore remisé, les perce-neige viennent préfigurer le printemps. Ils font partie des premières fleurs avec les crocus. À leur vue, on sent que le printemps n’est pas loin. On aurait envie de s’ébrouer pour faire tomber le poids de l‘hiver. Les jours rallongent. On le devine à la clarté qui entre plus tôt par les volets. Je ne résiste pas à l’envie de cueillir quelques perce-neige, et de les mettre dans un petit vase. J’ai ensuite tout loisir de les observer de près, de voir la découpe de leurs clochettes. Les pétales internes (appelés tépales) sont parfois bordés d’une frise verte. La couleur de cette frise varie. Elle est parfois même absente.

Le ou la perce-neige ? Le mot est originellement féminin, mais, de plus en plus, il est utilisé au masculin. Les Anglais désignent cette fleur par le mot snowdrop (c’est-à-dire une goutte de neige). Le mot milkdrop (goutte de lait) leur irait aussi. En allemand, le perce-neige est neutre, das Schneeglöckchen, tout comme en alsacien : s’ Schneegleckel. Les Espagnols le nomment campanilla de invierno (campanule de l’hiver). Les Italiens le désignent par : Bucaneve (c’est-à-dire qui se cache sous la neige).

Perce-neige de mon jardin.

Ces plantes herbacées à bulbes sont vivaces, c’est-à-dire qu’elles reviennent chaque année. Elles disparaissent à la fin du printemps pour reparaître, comme par miracle, vers la fin de l’hiver suivant. Si vous souhaitez des perce-neige dans votre jardin, il suffit de planter à l’automne leurs petits bulbes à environ 8 centimètres de profondeur. À la fin du printemps, leurs feuilles s’étiolent. Les bulbes sous terre se peaufinent déjà pour refleurir dix mois plus tard. Ils aiment les endroits ombragés qui restent frais en été, par exemple les sous-bois ou la proximité d’une haie. S’ils ne se multiplient pas assez d’eux-mêmes à votre goût, vous pouvez, après la floraison, diviser la touffe et les transplanter. N’essayez pas de les cultiver en pots en intérieur: c’est peine perdue, car ces fleurs ont besoin du froid. Ne soyez pas non plus tentés de les goûter, car les perce-neige sont toxiques. L’ingestion de leurs bulbes est dangereuse. Les perce-neige contiennent un alcaloïde pour traiter les symptômes de la maladie d’Alzheimer, ainsi que les affections neurologiques et neuro-musculaires.

Bouquet de perce-neige : pour voir la découpe de leurs clochettes.

La plante est considérée comme une plante magique dans la mythologie grecque. Elle sauva la vie à Ulysse lorsque celui-ci fut empoisonné par Circé. Cette magicienne, seule sur son île, se protégeait des hommes qui accostaient en leur servant un philtre qui les transformait en…cochons !

Revenons aux perce-neige et à leur poésie. Ayons une pensée reconnaissante pour ces petites gouttes de lait d’être les annonciatrices du printemps et de refleurir chaque année sans demander de soin.

Le perce-neige porte bien son nom. / ©S.Morgenthaler