lundi 25 novembre 2024
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Bouxwiller – Les lycéens font leur devoir de mémoire à Auschwitz

Les élèves de terminale STMG de Laurence Jost-Lienhard à Bouxwiller ont pu bénéficier d’un voyage d’une journée à Auschwitz en février, comme 300 autres élèves du Grand Est. Un travail pédagogique de plusieurs mois permet de les sensibiliser au devoir de mémoire.

Déjà auteure du livre et du film Kaddish pour un prof avec ses élèves du lycée Adrien Zeller, Laurence Jost-Lienhard poursuit son travail de mémoire en tant que professeur d’histoire-géographie et d’éducation morale et civique (EMC).

Depuis 2015, les lycéens successifs « dépouillent les archives, d’abord les registres de classe 1919-1940, puis 1885-1921 pour cette cohorte d’élèves, raconte-t-elle. Après un travail phénoménal de recherches sur internet, la consultation de fiches d’état civil, une visite aux Archives départementales, sur 400 noms, 34 élèves de Bouxwiller ont été identifiés comme victimes de la Shoah. Soit déportés soit résistants et assassinés, ou alors victimes de la tragédie des Puits de Guerry ».

Les lycéens dans les allées du camp d’extermination, entre Judenrampe et baraques. / © Stadler/Région Grand Est

Une journée éprouvante

Pour appuyer le propos, c’est la quatrième fois qu’elle emmène une classe en Pologne dans le cadre de l’appel à projets de la Région. « Départ à 4h30 de Bouxwiller pour l’aéroport, puis bus pour visiter Auschwitz 2, Auschwitz Birkenau, avec la Judenrampe, le camp de concentration puis le centre de mise à mort et le crématorium. Ensuite, nous nous sommes déplacés à Auschwitz 1, dont l’entrée a été remodelée, la descente, le tunnel, les murs en béton font vraiment penser à un crématorium… » De retour à minuit à Bouxwiller après cette journée éprouvante, la prof « par expérience, laisse digérer les élèves : les impressions immédiates sont différentes du ressenti sur la durée. Ils sont préparés avant, et je n’interviens pas pendant ».

Prochaine étape, une restitution des écrits avec la metteuse en scène Sabine Lemler. Et une plaque mémorielle qui sera posée le 16 mai à 16h, puisque ces destins de Bouxwillerois ne sont « pas du tout connus ». Loin du travail scolaire, l’idée est de créer « une proximité ». Laurence Jost-Lienhard utilise ses heures d’EMC autour du « vivre avec les autres » pour que « ces formes de discriminations soient perçues, entre élèves, entre populations, entre humains en fait. Quand ils vous disent, ils n’étaient pas habillés comme nous, mais ils étaient comme nous, c’est gagné ».

Les lycéens dans les allées du camp d’extermination, entre Judenrampe et baraques. / © Stadler/Région Grand Est

 

Paroles d’élèves au retour d’Auschwitz

L’ambiance est décrite comme pesante, compliquée, difficile, bouleversante, triste par Émilie, et les mots qui viennent à Chloé sont terrifiant, inimaginable, cauchemar, surréaliste, horreur, mémoire, tragédie, traumatismes, peur. « J’ai eu froid dans le dos dès que j’ai mis un pied dans la chambre à gaz. Le fait d’imaginer le nombre indécent de personnes mortes à l’intérieur m’a glacé le sang », relève Isac, tandis que Félix a été marqué par « les cheveux des juives déportées. Leur enlever les cheveux, c’est aussi leur enlever une partie de leur identité ». Les images qui les ont marqués passent des dortoirs aux latrines, des chaussures et sacs entassés, à l’enseigne Arbeit macht frei. Léa a choisi une photo des baraques en bois qui « ne ressemblent pas du tout à un endroit où vivent des humains » et où « les grillages et barbelés ont l’air de constituer un enclos pour des animaux ».

Nathan dit avoir eu « une prise de conscience de l’histoire, en voyant les atrocités qui ont été infligées ». Le devoir de mémoire leur rappelle « la nécessité de rester vigilants face à toutes les formes de discrimination, d’intolérance et de violence », d’après Timéo. Enfin, Lucille conclut que « la visite d’Auschwitz est un acte à faire au moins une fois dans une vie pour réellement prendre conscience de ce que l’humain est capable de faire si l’intégrité n’est pas un enjeu majeur ».

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